07/03/2024
🤐Bénin : AFFAIRE TAÏGLA
Nous étions en janvier 1970 plus précisément dans la nuit du 16 au 17 à Cotonou où cette affaire du lieutenant des Douanes André Taïgla éclata.📂
C'est le couple André Taïgla et Thérèse Hountondji qui vivait à la cité douanière de Ganhi (résidence de fonction), actuellement emplacement du Service d'intervention rapide des Douanes béninoises (Service Contentieux) à côté de Azalaï Hôtel de Cotonou.
Comme cela arrive des fois dans un foyer conjugal, le couple a commencé par avoir des difficultés de compréhension parce que la femme a commencé par soupçonner son mari d'avoir des maîtresses et que celui-ci ne s'occupe plus bien d'elle au profit des gourgandines du dehors. Alors, elle décida de tuer mystiquement son mari afin d'être la seule femme à hériter de ses biens. Elle tenta par assez gris-gris pour tuer son mari mais rien n'y fit. Alors de fil en aiguille à la recherche d'un tueur professionnel, elle fit la rencontre du sieur Christophe Bamiwalé Babagbéto, un chauffeur au chômage à qui, dame Thérèse rendit visite en juin 1969 dans le faubourg de Godomey. Elle entretena Babagbéto de son projet funeste et les deux tombèrent d'accord de l'élimination physique de son mari. C'est le premier tueur à gages recruté. Mais pour la réalisation du projet funeste, dame Thérèse loua une chambre à Babagbéto à Cotonou et chargea celui-ci de recruter d'autres tueurs à gages. A force de fréquenter Babagbéto dans son appartement de Cotonou, dame Thérèse commença à entretenir des relations intimes avec celui-ci qui devient son amant. Une fois ayant pris goût à ses fréquentations extra-conjugales avec son tout nouvel amant, dame Thérèse Hountondji pressa Babagbéto à vite recruter d'autres tueurs à gages pour mettre fin aux jours de son époux légalement marié, le lieutenant des Douanes André Taïgla qui est devenu, entre temps très gênant pour les deux amants (Thérèse et Babagbéto).
Les tueurs du même acabit que Babagbéto recrutés ont reçu de dame Thérèse la somme de 1.000 F. CFA (c'est beaucoup à l'époque) et 1 litre de Sodabi puis, passa à une première tentative de l'assassinat du lieutenant Taïgla qui échoua en juin 1969 parce que le mari de dame Thérèse fut averti cette nuit par des bruits de pas de marche assez étranges dans son appartement et eût le temps de charger son pistolet. Les malfaiteurs, qui projetèrent de l'assommer en plein sommeil, eurent la vie sauve en prenant leurs jambes aux coups à l'echec de cette première tentative qui fit flop.
Non contente de ce premier coup qui a foiré, dame Thérèse revient à la charge, le 13 janvier 1970 pour exhorter, de nouveau, ses hommes de mains à finir ce qu'ils ont commencé : le plan d'assassinat de son mari qu'elle tenait coûte que coûte à faire passer de vie à trépas. La rançon fut conclue à 8.000 F. CFA avec une avance payée et le solde à remettre au lendemain de l'exécution du plan funeste.
C'est ainsi que dans la nuit du 16 au 17 janvier 1970, les malfaiteurs passèrent une seconde fois à l'acte en se positionnant dans divers endroits de l'appartement et de la résidence du douanier. Mais bien avant, dame Thérèse prit soin d'enfermer leur fille Clarissee, à peine âgée de 13 ans à l'époque, à l'intérieur de la cuisine et maintenâ le chien de la résidence dans les liens d'une chaîne.
Le lieutenant Taïgla ne se doutant de rien, rentre à la maison et une fois dans son salon dépose son casse-croûte sur la table. Faisant ce geste, il voit une lueur étrange et ente dit une grande déflagration. C'est Babagbéto armé du message pistolet de fabrication locale acheté à Cana par dame Thérèse qui vient de faire feu sur lui. La réaction de l'officier des Douanes a été de se projeter par terre. Mais à peine a-t-il esquivé ce geste qu'il reçut un grand coup de machette sur la nuque, coup asséné par Nouatin Agbessi dit Sodabi. Les quatre autres tueurs sortent de leurs cachettes et s'abattirent sur le pauvre douanier avec l'aide de dame Thérèse ; les uns avec de coupe-coupe, d'autres avec de gourdins ou de couteaux. Ce fût une véritable boucherie ! Ensemble, ils finissent avec le malheureux André Taïgla qui passa de vie à trépas à 45 ans.
Maintenant, il faut se débarrasser de la dépouille mortelle du de cujus. C'est ainsi qu'ils mirent le corps dans un sac de jute préparé à cet effet par dame Thérèse. Puis, les compères tentent de transporter le colis macabre jusqu'à la berge de la plage en face de la résidence pour faire disparaitre le corps dans l'océan Atlantique. Le chien déjà enchaîné ayant eut le flair que quelque chose de grave est arrivé à son maître s'est débattu dans ses liens et réussit à se détacher. Il prit en chasse les malfaiteurs qui n'ont eu la vie sauve en ce moment-là de leur crime qu'en prenant leurs jambes aux coups. Qui pour prendre par le portail de la résidence qui pour prendre par le mur pour vite s'échapper à la furie du chien subitement devenu enragé.
Le colis macabre étant resté seul aux bras de dame Thérèse, cette dernière eut l'idée d'appeler la police à qui, elle déclare au téléphone qu'au retour du cinéma VOG très en vogue à l'époque où elle est allée regarder un film en compagnie de sa fille Clarisse, qu'elle a découvert le corps de son mari à la maison gisant dans le sang.
Vu la qualité du de cujus, Lieutenant des Douanes dahoméennes à l'époque, le Commissariat central de Cotonou dirigé à l'époque par le Commissaire Pascal TCHIAKPÈ débarqua aussitôt sur les lieux du crime. Intriguée par les circonstances troubles du drame et au regard de certains faits assez étranges constatés sur les lieux du crime, avant toute autre action, la police décida d'auditionner d'abord leur fille Clarisse, entre temps libérée de la cuisine par sa maman. C'est lors de son audition que la petite informa la police qu'elle ne connaît pas les circonstances de la mort de son papa. Mais qu'avant qu'elle ne vienne découvrir le cadavre de son père, sa maman l'avait entre temps enfermé dans la cuisine. Jusque là, dame Thérèse continuait toujours de faire balader le Commissaire Pascal TCHIAKPÈ et ses hommes lors de ses interrogatoires. Forte donc de cette information capitale donnée par la petite Clarisse, le Commissaire entreprit de poser une question préjudicielle à dame Thérèse : "Quel est le titre du film que vous êtes allée regardée au cinéma VOG ?" Là dessus, dame Thérèse est plantée ! Elle est incapable de donner le titre du film qu'elle est sensée allée regarder. Le déclic est ainsi donné pour que le pot aux roses soit découvert.
C'est ainsi qu'envahie de questions pointues, dame Thérèse Hountondji finit par passer aux aveux et cita les noms de ses complices.
La police entreprit de procéder à l'arrestation de tous les criminels. La traque fut mise sur les malfaiteurs et tous furent appréhendés en l'espace d'une semaine. Seul l'amant Babagbéto est resté introuvable. Ce dernier s'était réfugié dans la zone marécageuse et très touffue à l'époque de hautes herbes du quartier Agla, emplacement actuel de la pâtisserie Pantagruel en face du Stade de Kouhounou de Cotonou.
Babagbéto dans cette forêt de l'époque se faisait approvisionner t**d le soir par un de ses neveux qui avait pour méthode, une fois arrivé à la lisière de la forêt, de siffler d'une manière particulière qui alerta le "fauve" à sortir de sa tanière pour réceptionner les vivres à lui apportées. La police étant très arc-boutée sur l'enquête finit par découvrir le manège de Babagbéto et son neveu. Ce dernier arrêté passa aux aveux et entreprit de collaborer avec la police pour prendre le fugitif.
Le jour fut fixé et les agents de la police par dizaine de sont postés de parts et d'autres du sentier d'où surgi d'habitude nuitamment Babagbéto pour réceptionner ses vivres.
Le get-appen ourdi avec la complicité du neveu, Babagbéto, ignorant de la souricière, sortit de sa cachette comme d'habitude pour rencontrer son neveu lorsque le grappin de la police fut mis sur lui. L'histoire raconte qu'à son arrestation, il menaça son neveu de te le tuer une fois qu'il serait libéré. Effectivement, Babagbéto qui détenait un grand pouvoir mystique était très craint dans son milieu de Godomey.
Le dossier du crime étant confié à la justice, toutes les diligences furent accomplies jusqu'à ce qu'une Cour d'assises se tienne pour décider du sort des tueurs à gages qui sévissaient à l'époque à Cotonou puis, allèrent se réfugier à Godomey qui, à l'époque, était un gros village loin de ce qui constituait Cotonou étendue de l'ancien pont et s'arrêtant au quartier Gbégamey.
Mais à la veille de la tenue du procès des malfrats, les jeunes militaires au pouvoir à l'époque sous le Directoire et ayant à leur tête le Lieutenant-Colonel Paul-Émile de SOUZA, arrivés au pouvoir, le 27 décembre 1969 après avoir débarqué le Président Émile Derlin ZINSOU, décidèrent d'en finir avec l'affaire Taïgla qui commençait à agiter très sérieusement le landerneau sociopolitique dahoméen de l'époque.
En effet, à l'éclatement de l'affaire Taïgla, l'allure de la récupération politique que prenait cet événement, obligea les jeunes militaires du Directoire à reprendre de la main car, une situation insurrectionnelle couvait dans le pays qui risque d'être embrasé tant la pression populaire était si forte.
Ainsi, la décision fut prise de passer aux armes dame Thérèse Hountondji et ses comparses. Alors que dame Thérèse Hountondji avait fait recours à un célèbre Avocat Sénégalais qui débarqua à Cotonou, le 03 février 1970, jour de la tenue de leur procès, tôt au petit matin à 4h du mat, ils étaient déjà passés de vie à trépas sous les b***es d'un peloton de militaires assigné à cette tâche de tuerie aux poteaux des assassins du lieutenant des Douanes dahoméennes André Taïgla.
Ironie du sort, ces tueurs à gages ont été passés aux armes, chacun soigneusement ligoté à un cocotier, sur la berge de la plage en face du domicile de fonction du lieutenant des Douanes André Taïgla où ils eussent commis leur crime odieux quelques jours plus tôt.
Fait insolite lors de cet abattage humain, l'amant tueur Nouatin Agbessi dit Sodabi n'a été atteint d'aucune b***e que le peloton militaire s'exerçait à tirer sur lui pendant près d'une heure.
En effet, le sieur Sodabi avait des anti-b***es mystiques dans son corps. C'est alors qu'il fut décidé de faire venir sur les lieux un charlatan très célèbre à l'époque qui, arrivé eût un entretien mystique avec le criminel qui finit par lâcher lui-même la potion à lui ingurgitée pour pouvoir le tuer. On commanda sur place à acheter au marché Ganhi de la banane jaune que le charlatan fit manger à Babagbéto qui n'opposa aucune résistance. L'instant d'après, le peloton militaire repris place et les b***es des mitrailleuses Max 36 de l'époque atterrissent dans le corps déjà très fatigué de Sodabi qui fut le dernier à rendre l'âme aux côtés de ses comparses tueurs depuis près de deux heures avant lui. C'est ainsi que Thérèse Hountondji, Christophe Bamiwalé Babagbéto, Nouatin Agbessi dit Sodabi, Pierre Dossou Tokpo et Ahotin Zounlenchou furent passés aux armes, le 03 février 1970 sous l'ordre donné par le Directoire militaire au pouvoir à l'époque avec à sa tête le Lieutenant-Colonel Paul-Émile de SOUZA.
Comme pour se servir du règlement extrajudiciaire de ce crime odieux afin de donner un signal fort à la population dahoméenne, les jeunes militaires du Directoire conduit par le Lieutenant-Colo
nel Paul-Émile de SOUZA laissèrent les corps des malfrats à la vue de la population de Cotonou pendant toute la matinée du 03 février 1970 avant de ramasser leurs dépouilles mortelles qui ont été bernées dans une fosse commune au cimetière d'Akpakpa sis juste à la descente de l'ancien pont de Cotonou sur la rive gauche. Cette fosse commune sans sépulture, encore visible aujourd'hui, est située dans l'enceinte dudit cimetière à la lisière du mur de la clôture jouxtant la lagune de Cotonou.
Pour d'autres détails sur ce crime crapuleux du début des années 1970 au Dahomey à l'époque, je nous invite à aller écouter une des chansons du célèbre parolier béninois de vénérable mémoire Adjahoui Hambladji d'Avrankou qui y a fait l'historique.
Pour notre gouverne, le Commissaire de police feu Pascal TCHIAKPÈ est devenu plus t**d Avocat au Barreau du Bénin avant de décéder. Il est le père géniteur de mon ami et frère Patrick TCHIAKPÈ, lui-même actuellement Avocat au Barreau du Bénin depuis 2002.
Récit du Commissaire Apol.
Photos vivantes de l'épope▼
Copiée sur le mur de Lookman Lenoble