11/01/2025
Vivrions la chute de Rome après 20 siècles d'histoire, de guerre, de massacre ?
1. La christianisation et le déclin des Celtes :
L'évangélisation forcée : La culture celte était profondément enracinée dans des traditions païennes, notamment autour de la nature, des cycles saisonniers, et des pratiques spirituelles incarnées par les druides. Ces traditions étaient perçues comme une menace par l'Église qui voyait en elles des pratiques "hérétiques" ou "satanisées".
Les druides, en particulier, étaient considérés comme les figures d'autorité spirituelle et intellectuelle des Celtes, mais aussi comme des résistants potentiels à l'implantation du christianisme. Ils ont été ciblés de manière spécifique et persécutés.
Par exemple, à partir du Concile de Tours (567), les autorités religieuses condamnent les pratiques liées à l’ancienne foi celte, qualifiées de superstitions ou de sorcellerie.
L'interdiction des rites et symboles : Les fêtes et rituels celtes, comme Samhain (ancêtre d’Halloween), ont été progressivement interdits ou assimilés dans le calendrier chrétien (Toussaint, Noël, etc.). Cela s’est accompagné de l’effacement progressif des pratiques liées à leurs guérisseurs (herboristerie, soins énergétiques, etc.).
2. L'Inquisition et les "guérisseurs" :
Ciblage des guérisseurs et figures marginales : Bien que l'Inquisition soit apparue bien après la disparition de la classe sociale des druides (au XIIIe siècle), elle a poursuivi l'œuvre d'éradication des figures spirituelles non conformes. Les guérisseurs, chamans locaux et praticiens des traditions populaires (souvent héritières de savoirs celtiques) furent les cibles de l'Inquisition, car leurs pratiques étaient associées à la "sorcellerie".
Les femmes, en particulier, furent massivement accusées de sorcellerie. Ces accusations visaient souvent des guérisseuses qui perpétuaient les savoirs médicinaux et spirituels ancestraux.
Ces procès (comme ceux des sorcières de Salem bien plus t**d) peuvent être vus comme une continuation indirecte de l'effacement des traditions celtiques.
Destruction des symboles et lieux sacrés : Les sites celtes sacrés, comme les dolmens, menhirs et cercles de pierres, furent souvent christianisés ou détruits. Cela a contribué à la disparition des repères culturels et spirituels des Celtes.
3. Un processus systémique d'effacement culturel :
Si on ne peut pas parler d’un massacre unique et ciblé des derniers Celtes, il est clair qu'il y a eu une élimination progressive et systémique de leur culture, à travers plusieurs dynamiques :
La romanisation : Les Romains, dès la conquête de la Gaule par César, ont cherché à affaiblir les druides en interdisant leurs pratiques et en intégrant les peuples celtes dans le système romain.
La christianisation : Avec l’avènement du christianisme, les traditions païennes ont été assimilées, effacées ou condamnées. Les guérisseurs, héritiers des savoirs druidiques, ont été diabolisés et persécutés.
L'Inquisition : Des siècles après le retrait des druides, l’Église a poursuivi les persécutions contre les porteurs des traditions spirituelles non conformes. Cela a renforcé l'extinction des derniers vestiges culturels celtes.
4. Peut-on parler de "massacre des derniers Celtes" ?
Le terme "massacre" pourrait s’appliquer symboliquement dans le sens où :
Il y a eu un éradication intentionnelle et violente des figures centrales de la culture celte (druides, guérisseurs).
La persécution a visé à détruire une vision du monde et une manière d’interagir avec la nature, remplacées par les dogmes du christianisme.
Les conséquences de cette élimination culturelle ont été durables : perte de savoirs ancestraux, assimilation forcée, et marginalisation des descendants spirituels ou culturels.
Cependant, contrairement à un génocide physique massif, cette élimination s'est déroulée sur des siècles, par une combinaison de répression, assimilation, et domination culturelle.
5. Un parallèle avec les Natifs américains ?
Les Celtes et les Natifs américains partagent des histoires marquées par :
La destruction de leurs traditions spirituelles.
La persécution de leurs figures spirituelles (chamans, druides, guérisseurs).
Une assimilation culturelle forcée accompagnée de violences physiques et symboliques.
Ainsi, certains considèrent ces processus comme une forme de génocide culturel, où ce n'est pas tant le peuple qui disparaît, mais l'âme de leur civilisation.
6. Réappropriation et renaissance ?
Depuis quelques décennies, on observe une renaissance des traditions celtiques à travers des mouvements néo-druidiques et une redécouverte des pratiques ancestrales (herboristerie, fêtes païennes, etc.). Cela montre que, malgré les efforts pour les effacer, les racines celtiques continuent de vivre et d'inspirer.