16/11/2025
L’EDEN BAR - LES PREMIÈRES SORTIES (1986-87)
Vous ai-je déjà raconté comment tout a commencé pour moi ?
J’ai 15ans. Cheveux châtain-blond trop longs, timidité XXL, Madonna et Michael Jackson en boucle dans ma petite chambre, vu que mes parents se disputent tout le temps, que mon père me frappe et que mon frère est aux abonnés absent. Je passe mon temps libre dans celle-ci, avec mon tourne disque, mes vinyles, mon commodore 64, et mes bouquins de « mode » (Elle, la redoute, 20 ans).
Je refais le monde dans ma tête, je sors de cette violence en m’imaginant devenir quelqu’un, moi qui ne sait pas qui je suis.
Mais à un moment il fallait que je m’évade de chez moi surtout pendant le week-end. Je commence à bouger, à découvrir les bars, à boire mes premiers verres, mes premières cuites.
Une amie m’emmène un dimanche après-midi vers 16 heures dans ma première boîte, au Madison Club, sur la Grand-Place. Problème : je n’ai pas 16 ans. Solution : je trafique ma carte d’identité. Je danse sur le Top 50, euphorique, léger, j’oublie l’enfer de la maison.
Quelques mois plus t**d un lieu en face m’obsède : l’Eden Bar. Ancien « Happy Burger », façade étrange, néons rouges, spots clignotants, silhouettes singulières. Et cette musique… sombre, lente, hypnotique. Je passe devant sans oser entrer. Trop jeune, trop impressionné par tout ces gens tellement branchés et sûr d’eux qui y entrent. J’aimerais bien être comme eux, exister un peu, me libérer.
Un jour, je me lance. Une amie habituée me pousse à franchir la porte. Choc total. À l’époque, on regarde les gens et on écoute la musique avant de s’extasier devant les DJs, mais trois noms s’impriment immédiatement : Stéphane Pauwels, Jean-Michel Ferlin, et …. Thierry Papeguay — celui qui m’a formé l’oreille et donné l’envie de m’y mettre. Plus t**d il y aura Laurent top et Georges qui fouleront les platines.
Dans cet endroit un peu mystique et magique, j’entends Wally Badarou, Maze – Twilight, b movie « Nowhere girl », snowy red «wardance »…. De la cold wave, de la New Ave, de la synth pop, des sons expérimentaux, des boucles hypnotisantes, un son presque ambient, du Carlos Perón, et même Requiem pour un con de Gainsbourg.
L’eden,une autre dimension, un paradis.
Je me sens enfin moi même dans ce lieu où tout le monde laisse le droit à quiconque d’être qui il veut.
L’eden fini par devenir mon refuge, ma seconde maison. J’y passe après le cours en semaine, ou je sèche carrément les cours pour y retrouver mes nouveaux potes.
J’ai même bossé quelques mois derrière le bar juste pour avoir un peu d’argent pouvoir continuer à sortir.
Ronald, le patron, me laisse mettre quelques disques à l’ouverture en semaine. Je ne mixe pas, je passe juste des vinyles les uns après les autres, j’enregistre des cassettes pour les ré écouter chez moi. Mon début de carrière arrivera plus t**d, à At the villa.
C’est juste avant la vague électronique. La new-beat arrive doucement et la house n’a pas encore bousculé le monde. Lil’ Louis, Larry Heard ou Frankie Knuckles ne sont pas encore devenus les pionniers qu’on connaît, en tout cas pas ici en Europe. Pour moi, tout démarre là : mes premiers pas dans l’underground, mon look improbable; shorts, chaussettes hautes, houppette laquée (oui c’est moi le petit blond sur la photo), et mes petits délires d’ado, comme voler des insignes Mercedes sur les capots.
Puis viennent les samedis soirs et dimanches après-midi avec la jetset locale, avant d’enchaîner 37,5, Paradis Malin, Fifty Five, Skyline, Délire, Boccaccio… Je me revois encore au Skyline, démonté au Martini blanc pendant les Nuits Rouges. À 17 ans, mes potes m’embarquent au Boccaccio. C’est là que j’entends pour la première fois des sons qui deviendront légendaires. L’Eden aura été le rendez-vous de tout les noctambules avant les sorties, que ce soit le Vendredi, le Samedi ou le Dimanche. C’était « the place to be » pour les belges mais aussi les français 🙂
1987/88. C’est la naissance d’une nouvelle culture, d’une nouvelle tribu, d’un nouveau courant. Et pour moi, le début d’une histoire d’amour avec la musique électronique qui ne m’a jamais quitté. Et l’Eden m’en aura offert les prémisses et m’aura formé les oreilles.
Pourquoi je vous parle de l’Eden ? Et bien figurez vous que pour les grands nostalgiques que nous sommes, et pour célébrer ce lieu mythique, une soirée Eden Bar aura lieu le 22 novembre au Domaine de la Blommerie, à Mouscron avec Georges, Laurent Top, Phiphi, Cédric Piret, Michael Forzza et Youri Parker.
Ne la manquez pas.
https://www.billetweb.fr/eden-legend-bar
Et vous… vous avez connu l’Eden Bar ? Ce QG avant les meilleures nuits, ce repère où tout semblait possible ?
Bon Dimanche à toutes et à tous.
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ENGLISH
EDEN BAR AND MY FIRST NIGHTS OUT – MOUSCRON 1986
Have I ever told you how it all started for me?
I’m 15. Overgrown light brown-blond hair, massive shyness, Madonna and Michael Jackson on repeat in my bedroom. My parents are constantly fighting, my father hits me, and my brother is nowhere to be found, so I hide in my room with my music or my video games.
But at some point, I needed to escape during the weekends. I start going out, discovering bars, having my first drinks. A friend drags me one Sunday afternoon to the Madison Club, on the Grand Place. Problem: I’m not 16 yet. Solution: I tamper with my ID. I dance to the Top 50, euphoric, floating, forgetting the hell at home.
A little later, every time I go out, one place across the street obsesses me: the Eden Bar. Once a “Happy Burger,” with its strange façade, red neon lights, blinking spots, and unusual silhouettes. And that music… dark, slow, hypnotic. I walk past it without daring to go in. Too young, too intimidated.
One day, I go for it. A friend who’s a regular pushes me through the door. Total shock. Back then, you paid attention to the music before you cared about the DJs, but three names got burned into my mind right away: Stéphane Pauwels, Jean-Michel Ferlin, and… Thierry Papeguay — the one who shaped my ear and made me want to start mixing. Later on there would be Laurent Top and Georges.
Inside, I hear Wally Badarou, Maze – Twilight, almost ambient experimental tracks, Carlos Perón, even Gainsbourg’s Requiem pour un con. A different dimension.
Between classes, I’d go back there.
I even worked a few months behind the bar just to make a bit of money so I could keep going out.
Ronald, the owner, lets me play a few records when he opens on weekdays. I’m not mixing, I’m just playing vinyls one after another, recording tapes. My real career will come later, at At The Villa.
It’s right before the electronic wave hits. House hasn’t shaken the world yet. Lil’ Louis, Larry Heard and Frankie Knuckles haven’t become the pioneers we now know. For me, everything starts here: my first steps in the underground — the 37’5, the Skyline — and my improbable look: shorts, high socks, lacquered quiff (yes, that little blond kid in the photo is me), and my teenage nonsense like stealing Mercedes emblems off car hoods.
Then come Saturday nights and Sunday afternoons with the local jet-set, before moving on to 37,5, Paradis Malin, Fifty Five, Skyline, Délire, Boccaccio… I can still picture myself at the Skyline, destroyed on white Martini during the Red Nights. At 17, my friends drag me to Boccaccio. That’s where I hear, for the first time, sounds that would become legendary.
It’s the birth of a new culture, a new tribe, a new movement. And for me, the beginning of a love story with electronic music that never left me. Eden gave me the very first spark and trained my ears.
Why am I telling you about Eden? Because for all of us nostalgic souls, and to celebrate this iconic place, an Eden Bar night will take place on November 22nd at Domaine de la Blommerie in Mouscron, featuring Georges, Laurent Top, Phiphi, Cédric Piret, Michael Forzza and Youri Parker.
Don’t miss it.
https://www.billetweb.fr/eden-legend-bar
And you… did you know the Eden Bar? That HQ before the best nights, that spot where everything felt possible?
Have a great Sunday.