15/11/2022
Reinventer la technique ancestrale du zaï
"Pour faire face à tous ces enjeux, Yacoumba dut revoir ses pratiques. Écoutant de nouveau la voix des ancêtres, il fit renaître une technique depuis longtemps abandonnée, néanmoins connue des vieux paysans du Sahel : le zaï. Cette pratique consiste a creuser des trous pour y collecter de l'eau et des matières organiques. C'est une tâche méticuleuse grâce à laquelle le sol peut retrouver sa fertilité. Pour pratiquer le zaï, le paysan doit d'abord creuser dans la terre des cuvettes circulaires d'environ 50 cm de profondeur, à intervalle de quelques 80 cm. Les opérations sont réalisées pendant la saison sèche sur toute la surface du champ. Car, c'est bien avant le retour des pluies qu'il faut préparer la terre a mieux absorber l'eau le moment venu. Une fois le poquet terminé, le paysan dépose au fond un amas de feuilles et de branchages, matière organique vitale qui pouvoira la jeune pousse en nutriments, le temps de prendre racine. Chaque plant fiché dans le sol est l'occasion d'une petite cérémonie, un moment ritualisé durant lequel la concentration du paysan conditionne l'arbre à survivre. Puis, soigneusement, le trou est recouvert par la terre préalablement défaite. Ce travail a également le mérite d'ameubir le substrat. Le zaï ainsi pratiqué offre un lit propicevaux jeunes pousses, et la matière organique est le premier témoin de l'alliance fructueuse qui invite patiemment la vie à revenir dans le sol, à en faire de nouveau un lieu de résidence. Enfin le paysan verse délicatement de l'eau en remplissant la cuvette à hauteur, ni plus ni moins. Sauf en cas de coup dur, ce sera le seul apport hydrique qu'il s'autorisera. La saison des pluies se chargera du reste"
l'homme qui arrêta le désert de Yocouba Sawadogo et Damien Delaville