25/02/2024
« Mais attends que je mette mes bottes, arrête de faire la con !!! » Le limier est comme une dingue ce matin, quelque chose se prépare sans doute les astres ont tout foutu en l’air, la lune est pleine à ras bord et moi je sors à peine des bras de la nuit. Elle saute comme un cabri, se tortille dans tous les sens et clairement faut pas que je traine elle va finir par japper et réveiller toute la baraque pour que j’accélère. Dehors, c’est la grande lessive. Les cieux lavent plus gris et la Nature a perdu toutes ses couleurs. Les jonquilles, présomptueuses, sont sorties trop tôt. Elle font la gu**le ce matin. Tout est trempé, rincé, inondé… Pearl détale comme un lièvre et fait fi de toutes les flaques, elle fonce ! Ah m***e, j’ai mis mardi à la place de mercredi ! Je me reboutonne mais je suis déjà trempé comme une soupe et mon vermicelle se planque parce qu’en plus on se caille. Bonheur et joie d’avoir un chien. Ça existe des caisses à chien comme pour les chats ? Je patauge pendant une quinzaine de minutes alors que l’autre vedette vole au dessus des bourbiers. Y a bien longtemps que je l’ai perdue de vue. Je marche derrière et je ronchonne. « Fais c***r ce temps de m***e ! Vivement l’été qu’on crève de chaud en attendant l’hiver ! » Pearl est arrêtée, net. Un feu rouge que le daltonien que je suis n’a pas repéré au creux de cette forêt. La truffe du kleps se tortille. Là, dans cette petite enceinte y a un truc… Y pleut, mais ni elle, ni moi n’y prêtons plus attention dorénavant. Ni une, ni deux la chienne, comme happée, saute dans l’enceinte. Là, il s’agit d’ouvrir grand ses yeux et ses oreilles. Je le sens, le renifle, ça va me sauter au pif. Pas un mot dans l’enceinte, elle doit capter la moindre effluve et n’est pas du genre à gu**ler comme un Beagle ou un Courant de Vénerie… Qui va sortir des pendrillons de ce merveilleux théâtre ? Où est-ce que ça va rentrer en scène ? Après une dizaine de secondes qui valent tout l’or du monde… Là ! À trente mètres de moi sur la gauche, dans un bruissement quasiment imperceptible, sort le Grand Gaillard ! C’est l’hôte de mes bois. Il y fait la pluie et la pluie parfois un peu le beau temps. Ce spécialiste du cadrage débordement a réussi à échapper à tous les affreux déguisés pour le ball-trap. Ce seigneur est un magnifique brocard ! Il nous engu**le régulièrement quand on le dérange dans ses agapes ou lorsqu’on l’empêche de somnoler peinard sous les houppiers. Mais dans ce contexte, nous l’avons surpris et il n’est plus question pour lui de faire le fier. Il faut retenir son sentiment et prendre la poudre d’escampette sagement, sans demander son reste. Il est en pleine force de l’âge. Nous ne sommes pas encore rentré dans la période de fraye. Ses bois sont recouverts d’un velours magnifique qui lui donne une classe f***e. En deux foulées, la sublime apparition s’évanouie de l’autre côté du chemin. Le spectacle est terminé. « Pearl ! Pearl !! Allez viens ma beauté on rentre ! » La chienne sort du taillis, le nez au sol. S’agirait pas de la prendre pour une c***e ! Elle sait elle, qu’il est passé là le bestiau. « Allez ma Pépette on rentre ! » Sans rechigner le petit corniaud relève la tête et prend la direction du retour. Après tout s’il le dit c’est que c’est vrai ! Quant à moi, je remercie mes Anges, « les gars de mon équipe », pour ce bonbon de Vie. L’apparition du Grand Gaillard est toujours un cadeau merveilleux. Nous sommes presque arrivés en mars. Sans accident, les chasseurs vont ranger leurs pétoires jusqu’en septembre et lui pourra s’enivrer sereinement des jeunes pousses et des chevrettes charmeuses. M***e, elle s’est encore barrée !!!! Pearl !
25/02/2024