20/08/2024
Pour ceux qui n'ont pas Linkedin, voici l'article sur les Jeux Olympiques que j'y ai publié la semaine dernière. (temps de lecture +/- 10 minutes)
DE LA VOLONTE POLITIQUE A LA FERVEUR POPULAIRE
Voilà, c'est fini !
Et il a fallu un peu de temps pour s'y faire. Plus de Jeux Olympiques depuis quelques jours…
Mais bonne nouvelle : les jeux paralympiques arrivent ! Une excellente façon de prolonger le plaisir et de continuer de vibrer ensemble.
En attendant, il va nous manquer quelque chose pendant un temps.
Sans doute ce sentiment d'union nationale derrière nos athlètes en même temps que le plaisir de partager fraternellement les valeurs du sport avec les autres nations. Ou même le plaisir de soutenir des athlètes étrangers par attachement personnel à un autre pays ou tout simplement par admiration des performances athlétiques, que l'on soit amateur de sport - comme moi - ou novice dans le domaine.
Les jeux n'auront pas miraculeusement fait cesser les conflits dans le monde ou résolu les crises en cours. Mais cette parenthèse enchantée où le monde semble s'être arrêté pour se concentrer sur cet événement se déroulant chez nous aura été exceptionnelle à de nombreux titres. Impossible de les citer tous ici mais j'en retiens deux.
D'abord celui de la FIERTE.
Si je suis toujours fier d'être français, il y a des moments dans la vie où je le suis un peu plus. Et au lendemain de cette grande réussite que sont les JO 2024, je le suis particulièrement.
Un peu pour cette 5ème place au tableau des médailles ou ce record de médailles collectées bien sûr, mais surtout pour l'organisation des jeux et, à travers elle, ce que nous avons donné à voir au monde.
Si on en juge par les différentes revues de presses internationales, l'image de la France a été fortement revalorisée grâce à Paris 2024. Il parait même que nous sommes passés de " grincheux " à " cools " !
Dans ces jeux, l'imagination et l'audace " à la française ", ont été mis au service de l'enthousiasme populaire créant une osmose entre organisateurs, public, bénévoles, téléspectateurs et sportifs.
Je suis les JO depuis mes 10 ans et je me souviens encore de ce PIF GADGET spécial JO de Los Angeles acheté à l'été 1984 (j'ai longtemps gardé la plaque d'immatriculation offerte ! Voir photo). Je me souviens des différentes cérémonies d'ouverture ou de clôture depuis cette époque. Jusqu'ici, celle de 2012 à Londres était selon moi la plus belle des jeux d'été et celle d'Albertville en 1992 avait déjà montré le talent français dans cet exercice, avec l'incroyable mise en scène de Philippe Découflé.
Mais je pense que, d'une certaine façon, cette édition 2024 a en partie réinventé les JO.
Le principal coup de génie des organisateurs est d'avoir utilisé certains sites historiques de Paris comme théâtres des jeux, leur offrant ainsi un cadre innovant.
Je crois qu'il y aura un avant et un après sur ce sujet-là. Paris 2024 inspirera sans doute d'autres éditions.
Si tout n'a peut-être pas plu à tout le monde dans les cérémonies ou s'il y a peut-être eu ici ou là quelques incidents ou couacs (comme dans toutes les éditions précédentes, comment ne pas en avoir dans l'organisation du plus grand événement du monde ?), la catastrophe que de nombreux défaitistes nous annonçaient n'a pas eu lieu.
Bien au contraire, ces JO ont été une réussite hors norme et nous devons en être fiers collectivement.
J'espère que tous les râleurs et défaitistes qui s'expriment sur les plateaux TV et réseaux sociaux vont durant un temps se faire oublier.
Mieux, j'espère que ces JO leur auront fait aimer à nouveau notre pays et rendu un peu de fierté. Qu'ils se rendent compte que nous sommes toujours une grande nation et que nous avons toutes les raisons d'être fiers d'être français, sans prétention, simplement tout comme les autres sont fiers de leurs pays.
Une autre fierté - un peu plus relative - est d'avoir eu des JO parmi les moins polluants avec notamment l'utilisation de sites existants ou la pérennisation de certains autres.
Sur le plan de la compétition, si nous pouvons être fiers et très heureux de notre record de médailles et de l'atteinte de la 5ème place (objectif fixé), l'ancien reporter sportif que je fus un temps ne peut s'empêcher d'analyser objectivement les résultats.
Ceux-ci sont exceptionnels en nombre médailles, c'est indéniable et nos athlètes se sont retrouvés dans un nombre record de finales (21). Bravo ! Savourons !
Toutefois, au classement des nations, ce sont les médailles d'or qui comptent avant tout et c'est bien normal.
Et pendant deux semaines je me suis posé cette question : comment fait l'Australie pour toujours être au top niveau avec " seulement " 26 millions d'habitants et, à part au rugby à 15, une certaine discrétion dans les grands sports collectifs populaires ?
A bien y regarder, une partie de la réponse se situe dans la prééminence de certaines disciplines aux JO en termes de médailles à gagner.
Ainsi, la natation permet de récolter 35 médailles tandis que le basket ou le volley par exemple n'en rapportent que 2... Donc, si une nation est très forte dans une discipline qui rapporte aux JO, elle augmente ses chances de monter au classement des médailles. C'est le cas de l'Australie qui a gagné 7 médailles d'or (sur 18) en natation. Bravo à eux ! Un pays performant en natation a donc presque 18 fois plus de chances de gagner des médailles d'or qu'un pays performant en volley-ball, sport qui a le plus de licencié dans le monde.
Autre exemple, les japonais ont remporté 8 médailles d'or (sur un total de 20) rien qu'en lutte ! Et " seulement " 3 au judo, leur sport traditionnel pour lequel la France est devenue une grande rivale depuis David Douillet. Bravo aux japonais.
Cela fait sans doute partie du " charme " des JO que d'offrir à des sports moins médiatisés la possibilité de briller plus que d'autres disciplines. On peut cependant s'interroger sur le poids de certaines fédérations sportives sur la programmation des épreuves.
Et si cette " philosophie " doit perdurer, un pays qui voudrait se trouver sur le podium final au classement des médailles devrait alors réfléchir à la revalorisation et l'accessibilité de nombreux sports.
Ce qui m'amène à mon deuxième point : LA VOLONTE POLITIQUE.
Paris 2024 aurait-il pu s'organiser sans une volonté politique forte ? Non, impossible.
La Métropole Européenne de Lille aurait-elle pu vibrer et s'impliquer comme elle l'a fait dans ces JO sans volonté politique (notamment celle de son Président Damien Castelain ) ? Non plus.
Le succès des jeux chez nous et leurs retombées économiques auraient-ils été les mêmes sans l'aide des équipes de la MEL (sous la houlette du vice-président aux sports, Eric Skyronka ) ? Pas sûr.
Mon point ici n'est pas de dire que la réussite des jeux à Paris, en France et dans la MEL est exclusivement l'œuvre des femmes et hommes politiques bien sûr car c'est bien évidemment un succès partagé avec toutes les parties prenantes (institutions sportives, comité olympique, partenaires privés, professionnels de l'événement, bénévoles, public, etc).
Ce que je veux souligner ici c'est bien la question de la VOLONTE politique comme point de départ d'une mise en œuvre d'un projet et comme moteur indispensable à un aboutissement positif.
Cette volonté est déterminante à tous les niveaux et tous les jours dans la réalisation des projets portés par les élus en responsabilité. Et elle ne va pas de soi - croyez-moi - car elle est très régulièrement remise en question de nombreuses façons.
Après tout, sans volonté politique forte, on aurait pu se trouver des tas de raisons de ne pas les faire ces jeux (raisons écologiques, économiques, sécuritaires,…).
Et je prends avec le plus grand sérieux l'aspect écologique car je suis bien conscient qu'il y a forcément un impact négatif de ce point-de-vue là.
On aurait aussi pu les faire avec beaucoup moins d'ambitions et en réduisant la voilure. Faire le service minimum.
Mais la volonté a été de faire des jeux ambitieux les moins coûteux possibles pour les deniers publics et les moins polluants possibles. Il me semble que c'est plutôt réussi aussi, même si sur le plan écologique, il était d'office impossible de faire quelque chose de parfait.
Au final, de la volonté politique à la ferveur populaire, si le chemin a pu être long, c'est un chemin qui a la forme d'une boucle.
Car, en démocratie, le pouvoir d'action politique est donné par le peuple à l'occasion des élections qui mettent des élus en responsabilités et la volonté politique de ces derniers est inspirée et soutenue par ce même peuple qui donne la légitimité d'agir et de mener à bien des projets qui doivent servir le plus grand nombre.
La réussite des JO est donc aussi, d'une certaine façon, celle de ceux qui ont confié à leurs élus le pouvoir d'agir. Que ce soit les électeurs parisiens qui ont mis à leur tête une maire qui n'a jamais baissé les bras ou ceux de la Métropole lilloise qui ont indirectement mis en place une gouvernance qui voit dans le sport et l'organisation de grands événements des opportunités de faire grandir et rayonner notre région.
Le peuple Australien a-t-il mis à sa tête des dirigeants politiques ambitionnant d'être régulièrement dans le top 5 du tableau des médailles des JO ? Si oui, cela date-il des JO 2000 à Sydney ou de bien avant ? Je ne sais pas. Je recherche d'ailleurs des articles portant sur la stratégie politique et les performances des australiens vis-à-vis du sport en général et des JO en particulier, je trouve ce sujet intéressant. N'hésitez pas à m'éclairer.
J'ai du mal à imaginer que la régularité au top niveau de la performance sportive d'un pays de 26 millions d'habitants soit le fruit du hasard ou que ce soit une simple affaire de " culture sportive". Aimer le sport c'est une chose, se maintenir au sommet dans le temps et toujours rivaliser avec les plus grandes nations, cela en est une autre.
Et c'est sans doute grâce à nos propres stratégies politico-sportives (de la construction d'infrastructures à l'animation d'institution comme l'INSEP en passant par les politiques sportives municipales) que nous devons une partie de nos résultats cette année. Tout comme la Chine, les USA, le Japon ou la Grande-Bretagne ont leurs stratégies, fruits de leur volonté politique. Sans oublier la Russie, grande absente du tableau, sur laquelle il y aurait beaucoup à dire dans le domaine.
Mais tout est affaire de choix aussi. Si l'Australie brille aux JO, elle est absente par exemple du top niveau de certains grands sports populaires alors que la France y est depuis plusieurs décennies.
De même, il y a beaucoup d'autres domaines, comme la culture par exemple, où la France brille bien plus que l'Australie. Sans doute parce que nous gardons pour la culture une place très importante dans nos choix politiques.
Donc, à nouveau, la volonté du peuple à travers ses choix politiques détermine très certainement les réussites d'un pays.
Pour conclure, on peut se souvenir de la candidature de Lille pour les JO 2004 qui avait créé une dynamique inédite et régénérante pour la ville. Elle a été le point de départ d'un nouveau rayonnement européen à travers Lille 2004 (capitale européenne de la culture) qui est ensuite devenu Lille 3000.
De cette candidature des années 90 à la participation de la MEL à Paris 2024, il y a donc un fil conducteur : la volonté politique.
Quelle sera la prochaine volonté politique du peuple à exprimer sur le plan sportif à travers l'action de ses élus ? L'avenir nous le dira.
En attendant, pour l'adjoint au maire à la Coopération transfrontalière et le vice-président de la Mission Opérationnelle Transfrontalière que je suis, un rêve fou serait des JO transfrontaliers entre Lille, Courtrai et Tournai. Ou entre Lille et Bruxelles.
Cela accélèrerait sans doute par exemple des projets de mobilité douce dans l'Eurométropole. Il parait que depuis 2021 la devise des jeux est désormais " " Plus vite, plus haut, plus fort - ENSEMBLE", alors, soyons fous, pourquoi ne pas rêver ENSEMBLE avec nos amis belges ?
Vive le sport ! Vive les J.O !
Sébastien FITAMANT
Adjoint au Maire à Wattrelos (délégations "Ville Nature" et "coopération transfrontalière") Conseiller métropolitain (MEL)