09/11/2024
Le joueur d’orgue de Barbarie
Je m’souviens, oui, je m’souviens
C’était un de ces après midi d’automne
Quand les doux rayons du soleil
Se mêlant aux feuilles des arbres
Incendiaient la cour
Les maisons alentours
Je l’ai vu arriver
Poussant son chariot
Qui cahotait gaiement
Sur les pavés des rues.
Je l’ai vu s’arrêter, observer, hésiter
Puis, hochant la tête
D’un air satisfait
S’installer.
Et soudain, tournant tout en cadence la petite manivelle
D’un instrument étrange, joliment décoré,
Tirer une musique et se mettre à chanter.
Les gamins du quartier, curieux et étonnés
S’étaient tous approchés
Pour voir et écouter
Venu d’un autre temps,
Ce vieux bonhomme artiste
Au galurin flétri ,
Pantalons à bretelles,
Avec son dos voûté,
Ses godillots usés
Son visage avenant,
Aimable et souriant
Tendrement encadré de cheveux argentés.
Et tandis qu’il tournait,
Les notes s’égrenaient,
Tourbillonnaient, dansaient,s’élevaient dans l’espace,
Jusqu’aux chambres de bonnes, là- haut sous les greniers.
Des fenêtres se sont ouvertes,
Un couple s’est mis à valser,
Le quartier semblait être en fête comme lors des soirées d’été.
Il tournait et tournait
Et, lorsqu’il s’arrêtait,
Nous étions tous autour à en redemander.
De ce jour, il est resté
Devenu un habitué.
Des plus jeunes aux plus âgés
Nous l’avions tous adopté.
Et, lorsqu’on entendait son chariot cahoter,
Tout le monde souriait,
Les plus impatients
En se précipitant.
Mais, quand le froid ou la pluie
Ou peut être la maladie
L’obligeaient à rester caché,
Le silence nous enveloppant et
Ses chansons nous manquant,
Alors on les fredonnait
Et quelquefois même, on dansait. C’était un peu de lui
Comme s’il était présent.
Blanche la cigale tourneuse . Février 2018