Toni Bertoni (2025)

02/10/2024

Comme s’il était de retour.

L’ère de la réflexion et des songes passagers est révolue pour l’homme qui s’apprête à entrer en scène. À mesure qu’il ajuste les derniers plis de son habit de lumière, il se prépare à briller. Il accorde une dernière pensée à ce passé suret et prend une ultime respiration. Il entre.

Son pas habile qui bounce d’entrée de jeu ne laisse pas vraiment le choix à qui que ce soit de désapprouver. La foule conquise intensifie sa fougue, au gré de l’arrivée de cuivres fiévreux, qui sonnent comme autant d’échos collés au pas chaloupé du danseur endiablé.

Captivant autant que transcendé, l’équilibriste se gonfle d’une euphorie nouvelle, enfin libéré de l’étau qu’il vissait seul autour de son poignet. De quoi cette nouvelle vie sera-t-elle faite ? Il l’ignore mais il y consent aveuglément, alors qu’il entame sa dernière cabriole.

Comme s’il était de retour. L’ère de la réflexion et des songes passagers est révolue pour l’homme qui s’apprête à entrer en scène. À mesure qu’il ajuste les derniers plis de son habit de lumière, il

23/11/2023

Et si tout cela n’avait pas d’importance ?

Garder la face pour ne pas faire tâche. Et tâcher de faire face pour se regarder dans la glace. Se figurer un bonheur défini par autrui qui nous serait imposé. Tout en y prenant plaisir…

Toni a beau se creuser la tête, il ne parvient pas à identifier l’intérêt. Aussi fort que se contractent ses neurones, il peine à comprendre ce qui pousse ses congénères à sertir leur cou de ces laisses invisibles. Est-ce par confort ? Ces brides semblent trop les serrer pour les laisser respirer convenablement… Par esthétisme ? Leur transparence les rend presque imperceptibles. Et pourtant ils les portent.

Un rayon de soleil passe dans le ciel et la foule immense poursuite son chemin. Dans cette masse informe, une tête se lève, poursuivant la chaleur de cette lueur divine. Toni observe l’électron libre quitter le troupeau, encore inconscient de l’issue de son nouvel itinéraire.

Mais pour lui cela n’a plus d’importance.

Et si tout cela n’avant pas d’importance ? Garder la face pour ne pas faire tâche. Et tâcher de faire face pour se regarder dans la glace. Se figurer un bonheur défini par autrui qui nous serait impo

24/10/2023

Mais où donner de la tête ?

À égale distance de la figue et du raisin, au point exact de séparation entre le bon et le mitigé, Toni tangue. Pas de raison particulière de se laisser abattre mais aucun argument valable de ne pas le faire. Ou était-ce l’inverse ?

Passager malgré lui d’une coquille de noix partie à la dérive, le voyageur peine à trouver l’équilibre dans ce flot de pensées contradictoires qui lui parcourt les méninges. Comme un disque dur saturé de fichiers inutiles qu’une fâcheuse flemme de tri aurait rempli à l’excès, son cerveau tourne au ralenti.

Un peu de méthode ! Reprenant possession de ses moyens, Toni s’applique à canaliser son esprit sur chacune de ses préoccupations et réflexions. Méticuleusement, les innombrables sentiments et spéculations sont passés en r***e. Il se laisse aller à les ressentir avec précision, dans leur infinie complexité.

Tour à tour préoccupé, puis radieux, il laisse autant exploser sa rage qu’il laisse jaillir son bonheur. Il s’effondre pour mieux se relever, présentant enfin à la face du monde ce qu’il avait pris l’habitude de cacher soigneusement.

Mais où donner de la tête ? À égale distance de la figue et du raisin, au point exact de séparation entre le bon et le mitigé, Toni tangue. Pas de raison particulière de se laisser abattre mais aucun

14/09/2023

Certaines choses n’arrivent qu’au bon moment.

Un second regard entendu quoiqu’inattendu les plonge dans un instant suspendu. C’est comme s’ils s’observaient pour la première fois. Comment Toni avait-il pu laisser sa prunelle vagabonder tant d’années sans j***r de l’occasion d’enfin l’admirer ?

Tel le pèlerin assoiffé parvenu à sa source, il ne cesse de la contempler, éprouvant une reconnaissance sans limite envers sa fraicheur providentielle. Transi par la profondeur des eaux glacées retenues dans la pupille de la belle, l’homme devenu nageur se jette volontiers à l’eau, porté par le courant à la fois vigoureux et confortable.

Épousant avec plaisir sa nouvelle condition amphibie, ses peurs l’abandonnent, alors que les flots l’enlacent avec toujours plus de douceur. Une goutte invisible coule de son œil, instantanément disparue dans cet océan de sensualité et de tendresse.

Cet élément est le sien, comment pourrait-il le quitter un jour ?

Certaines choses n’arrivent qu’au bon moment. Un premier regard entendu quoiqu’inattendu les plonge dans un instant suspendu. C’est comme s’ils s’observaient pour la première fois. Comment Toni avait

14/08/2023

Tous dehors !

Les sirènes s’agitent sur les toits des voitures et sur les façades des immeubles, pressant la populace de ses sons stridents et de ses lumières devenues folles. Tous se ruent sur le pavé car nul ne peut ignorer l’injonction dansante qui lui est adressée.

Depuis les trottoirs et les kiosques de journaux, jusque dans les restaurants et les bus, des nuées d’enceintes se déploient, montées sur des bras métalliques dont on aurait eu peine à soupçonner l’existence il y a encore une poignée de minutes. La ville en apparence classique se mue rapidement en dancefloor géant, drainant des milliers d’individus hors de leurs foyers.

Rompue à l’exercice, la masse d’habitants accourt dans les avenues, parcs et autres espaces publics afin de performer la catharsis collective. Ils connaissent la règle par cœur : ce soir, il faut danser.

Tous dehors ! Les sirènes s’agitent sur les toits des voitures et sur les façades des immeubles, pressant la populace de ses sons stridents et de ses lumières devenues folles. Tous se ruent sur le pa

07/06/2023

Pas aujourd’hui.

Est-ce la chaleur estivale ambiante ? Le chant rieur des oiseaux ? À moins que ce ne soit le délicat parfum qui émane du lilas logé sous sa fenêtre ? Toni a beau s’interroger sur la nature profonde de ce sentiment passager, une chose est sûre : l’indolence a pris possession de son corps tout entier.

Transi de flemme. Les mouvements dégingandés et le regard vitreux de l’homme devenu guimauve trahissent ses envies de farniente. Baignant dans sa torpeur, il passe des dizaines de minutes à contempler tout ce qui s’offre à la portée de sa vue, du nuage cotonneux qui parcourt le ciel jusqu’au vieux matou qui traverse son jardin.

Toute l’agitation du monde extérieur ne saurait perturber la ferme résolution qui anime notre paresseux. À rebours de ses laborieux congénères, Toni met aujourd’hui deux grosses parenthèses de part et d’autre de ses obligations. Peu productif certes mais ô combien bénéfique pour son âme contemplative, qui se laisse aller à toutes sortes de rêveries.

Une brise rafraichissante fait danser ses cheveux alors que le téléphone se met à sonner. Toni débranche la prise.

Pas aujourd’hui.

Pas aujourd’hui. Est-ce la chaleur estivale ambiante ? Le chant rieur des oiseaux ? À moins que ce ne soit le délicat parfum qui émane du lilas logé sous sa fenêtre ? Toni a beau s’interroger sur la

03/05/2023

En place.

Le groupe est aussi compact que le cadre cimenté qui l’entoure. Cette flopée encapuchonnée a pris ses quartiers à même la rue, faisant de cette dalle habituellement vide une ruche grouillante.

À l’ombre des cimes bétonnées des bâtiments alentours, les roues arrière se multiplient au guidon des motos pétaradantes, rapidement mimées par les vélos des petits frères. Une boombox trentenaire égaye l’assemblée, crachant de ses haut-parleurs étonnamment fonctionnels une suite de mélodies qui flairent bon le bas des blocs.

Ce joyeux vacarme, entremêlé de rires et d’embrouilles, remonte le long des façades immenses, rebondissant sur les parois des innombrables rectangles de la jungle de béton. C’est le quartier tout entier qui vibre au rythme dicté par les enfants de la dalle.

Au cœur de cette effervescence, une scène de fortune où les MCs se succèdent pour partager toutes sortes d’histoires. Ovationnés ou conspués par la foule fumante qui leur fait face selon la qualité de leurs récits, ils content depuis leur estrade mythes et réalités de leur quotidien. La verve plus ou moins reconnue de ces poètes autodidactes s’exprime à coup de phrasés saccadés et de formules accrocheuses, entrainant avec elle un flot croissant d’auditeurs…

En place. Le groupe est aussi compact que le cadre cimenté qui l’entoure. Cette flopée encapuchonnée a pris ses quartiers à même la rue, faisant de cette dalle habituellement vide une ruche grouillan

16/03/2023

Discrète dans ses gestes mais ostensible dans son apparence, la troupe chemine.

Des grappes de marcheurs à l’allure colorée se succèdent. Rappliquant de toutes parts, ces groupes épars semblent attirés vers une force centrale toute puissante, dont l’énergie magnétique paraît irrésistible.

Le sourire aux lèvres, les membres de cette étrange cohorte progressent avec toute la légèreté du monde, de plus en plus enjoués à mesure que leur cible se rapproche d’eux. Au détour d’un mur pourtant désuet en apparence, leur joie collective se fait extase.

Leurs regards brillants, pétillant d’émerveillement et de substances lénifiantes, se posent sur un panorama à couper le souffle. Au cœur d’un édifice mis à mal par le poids des années renait la vie, insufflée à coup de stroboscopes et de lasers aux chorégraphies étonnantes.

Sous ce flot de lumières crépitantes, la marche des soldats de la nuit devient statique, sans pour autant s’atténuer. Au son de basses telluriques rythmées par des percussions cadencées, les serviteurs de la fête unissent leurs mouvements en une transe collective.

Une frénésie radieuse qui se parachèvera dans la beauté de l’aube naissante, au lever de cette déité solaire qu’ils sembleront avoir prié toute la nuit.

Discrète dans ses gestes mais ostensible dans son apparence, la troupe chemine. Des grappes de marcheurs à l’allure colorée se succèdent. Rappliquant de toutes parts, ces groupes épars semblent atti

26/01/2023

Ici la nature n’a pas de maître.

Ses buissons touffus, ses racines innombrables et ses légions de lianes attendent de pied ferme tout visiteur téméraire, comme autant de gardes végétaux. La cime perchée des arbres millénaires protège la forêt et répand l’obscurité, soutenue par une architecture complexe et dense de troncs et de branches. Impénétrable.

Pourtant, un chemin semble s’offrir à celui qui sait prendre le temps d’observer. Ça et là, des passages ténus existent, frayés à travers la brousse et les pousses les plus légères par la faune grouillante quoique discrète de ces terres reculées.

Rompu à l’exercice du baroudage, Toni s’engouffre dans la densité de la jungle, au prix d’efforts certains. Il progresse avec vigilance mais sait qu’il ne doit pas s’attarder : la faible luminosité environnante, à laquelle se mêle le temps orageux de cette fin d’après-midi, presse l’arrivée de la nuit qui s’étale subitement de tout son long.

Le temps d’un battement de paupières, le visage de la forêt change. Un lichen fluorescent s’allume, alors qu’une constellation d’insectes scintillants agite la brume ambiante. Dans ce ballet de lumières, tirant du doré au vert, l’œil ébahi de Toni repère un halo éclatant, dont le rayonnement semble lui promettre la découverte de ce qu’il était venu chercher.

Ici la nature n’a pas de maître. Ses buissons touffus, ses racines innombrables et ses légions de lianes attendent de pied ferme tout visiteur téméraire, comme autant de gardes végétaux. La cime perc

23/12/2022

Pas un chat à l’horizon.

Les rues sont désertes et pour cause : le froid mordant a précipité les derniers re**rdataires au coin de leurs cheminées, laissant la rue enneigée aussi vide que silencieuse. Seules parviennent quelques clameurs éparses, étouffées par les épaisses isolations des maisons alentours.

La violence de la brise hivernale contraste avec la douceur des lumières chaudes émises par les bougies et les braises crépitant dans les âtres. Ce vent polaire, triste et solitaire, semble presque gémir en s’engouffrant dans les allées étroites, peiné par l’accueil mitigé que lui réservent les habitants de la ville.

Seul à ses froids côtés, Toni chemine au hasard des rues. Personne ne s’inquiète de son re**rd puisqu’il n’est attendu nulle part. Après tout, cela fait quelques temps qu’il pérégrine et le concept de chez-soi commence doucement à s’évaporer de son esprit vagabond.

Figé depuis un instant devant le ballet lumineux de guirlandes particulièrement chatoyantes, le compagnon du vent est rappelé à la réalité par le tintement d’un tour de clé tout proche. Sur sa gauche, une porte s’ouvre. Un sourire apparaît, accompagné d’une odeur de feu de bois.

Pas un chat à l’horizon. Les rues sont désertes et pour cause : le froid mordant a précipité les derniers re**rdataires au coin de leurs cheminées, laissant la rue enneigée aussi vide que silencieuse

30/11/2022

Cette journée, ce sera la sienne.

Un il-ne-sait quoi chargé d’allégresse anime Toni depuis le saut du lit, sans qu’il puisse y trouver une raison apparente. Il est heureux, voilà tout.

Gonflé d’un aplomb remarquable et empli d’une joie bienveillante qui lui ferait câliner ses congénères même les plus hostiles, il se sent étrangement ouvert à la vie. Le musicien nomade glisse avec aisance sur cette nouvelle journée d’existence et profite avec gourmandise de son état de grâce, distribuant des sourires à tour de bras.

Toni tout entier semble irradier sa béatitude intérieure. Sa démarche chaloupée, quasiment dansante, son œil rieur et ses nippes polychromes trahissent une vigueur débordante qu’il brûle de partager.

C’est tellement rare de passer une bonne journée…

Cette journée, ce sera la sienne. Un il-ne-sait quoi chargé d’allégresse anime Toni depuis le saut du lit, sans qu’il puisse y trouver une raison apparente. Il est heureux, voilà tout. Gonflé d’un aplomb remarquable et empli d’une joie bienveillante qui lui ferait câliner ses congénè...

09/11/2022

Derrière cet air détaché se cache une conviction sans faille.

Malgré son jeune âge, le sort a fait de lui un soldat endurant, résolument déterminé à faire de sa vie une œuvre à part. Maturé trop rapidement à coup de coups du destin successifs, cet enfant de la débrouille a compris que seule une ambition démesurée le sauverait de la fatalité.

Le petit gars en a gros sous le capot et ça se sent. Haut comme trois papayes, son assurance et son tact légendaire en ont fait l’une des figures remarquables de sa ville. Le verbe habile et l’apparence impeccable, notre jeune icône maitrise les codes et en joue avec une habileté déconcertante. Mais surtout, il a du talent.

Son savoir-faire est spécial car il vient de ses tripes. Ses mots sont ses armes autant que sa thérapie, et touchent leur cible avec autant de précision qu’un sniper ou un bon psy. Entre revendications, confessions et réflexions, le garçon du son sait asseoir ses essais sur des bases solides. Mêlant vécu et affabulations, ses récits sont de gracieuses paraboles dans lesquelles chaque auditeur plonge volontiers, Toni compris.

Entièrement immergé dans ce flot de poésie, l’oiseau de passage boit les paroles de cet étonnant personnage à la verve passionnante, que le hasard semble avoir crée à ce seul propos.

Les mots lui manquent…

Derrière cet air détaché se cache une conviction sans faille. Malgré son jeune âge, le sort a fait de lui un soldat endurant, déterminé à faire de sa vie une œuvre à part. Maturé trop vite à coup de coups du destin successifs, cet enfant de la débrouille a compris que seule son ambition...

19/10/2022

Il ne parvient pas à en détacher son regard étonné
Ostentatoire dans le chemin de ses yeux d'un noir sans fond
Véritable conversation à cœur ouvert sans mot échanger
Elle ne comprend pas ce qui en son corps nait sans dire son nom

Cette muse aux origines barbares, pourtant d'une nature discrète, a imprimé en lui une vive émotion qui n'est pas sans le déstabiliser. Pourquoi, une fois entrée dans sa tête, refuse-t-elle d'en sortir ? D'habitude un hôte accueillant, Toni veut lui faire quitter ses nouveaux quartiers psychiques et lui demander de s'en aller, avec sa personnalité délicieuse, son sourire fatal et sa beauté indicible. Sa valise n'est pas assez grande pour une passagère supplémentaire.

Fermement décidé à exposer au grand jour ce trouble qui en lui allait grandissant, il chemine en direction de celle qui occupe ses pensées. La peur s'estompe au rythme méditatif de ses semelles frappant les dalles de la ville, alors qu’un sentiment sous-jacent s'affirme avec vigueur.

Il doit lui en faire part…

Il ne parvient pas à en détacher son regard étonné Ostentatoire dans le chemin de ses yeux d'un noir sans fond Véritable conversation à cœur ouvert sans mot échanger Elle ne comprend pas ce qui en son corps nait sans dire son nom Cette muse aux origines barbares, pourtant d'une nature discr....

05/10/2022

Drôle de façon que ces gens ont de se mouvoir…

Une souplesse remarquable imprègne leurs gestes. Leurs articulations élastiques semblent faire rebondir leurs corps sur le sol, renvoyant d’un mouvement ascendant limpide la force de tout pas supplémentaire, jusqu’au bout des bras. Des vagues humaines !

Pourtant, une saccade du cou inattendue achève systématiquement cet élan unique, rompant la fluidité du rebond avec un tressaillement contrasté. Étonnement, pas de dissonance dans l’association de ces mouvements en apparence contradictoire.

Une force étrange échappant à toute définition enveloppe ces êtres à la nonchalance élégante. Une force dansante qui les fait paraître tels les serviteurs d’un rythme d’une nature supérieure. Une force... funkadélique.

Drôle de façon que ces gens ont de se mouvoir… Une souplesse remarquable imprègne leurs gestes. Leurs articulations élastiques semblent faire rebondir leurs corps sur le sol, renvoyant d’un mouvement ascendant limpide la force de tout pas supplémentaire, jusqu’au bout des bras. Des vagues...

Toni Bertoni