17/05/2023
Le Camp du Roy Konomor
Saison 1 - Épisode 3
Scène 11 : Un cavalier de l’apocalypse
Les rayons du soleil perçaient à travers les frondaisons feuillues de la forêt de Quénécan, projetant leur éclat sur le sentier étroit qui serpentait vers Castel Finans. Célestin, en sa qualité de guide, menait le petit groupe d’un pas alerte, tandis que Tréphine suivait, plongée dans ses pensées, talonnée de près par Soizic.
Soudain, surgissant des taillis comme des démons de l’enfer, les brigands de Gucciad se dressèrent devant eux, armes à la main.
Tandis que Soizic et Célestin se mirent aussitôt en retrait, Tréphine, pétrifiée de peur, resta sur place, telle une statue de marbre. Elle aurait voulu crier à cet instant, mais pas un son ne semblait pouvoir sortir de sa bouche.
Riwan, le chef des brigands, bien déterminé cette fois à accomplir sa mission avec succès, interpella d'une voix grave et menaçante la jeune femme effrayée :
- Content de vous revoir Tréphine, Cette fois, votre chevalier servant ne se mettra pas en travers de notre route !
À peine avait-t-il terminé sa phrase, qu’un véritable ouragan s’abattit sur ses hommes. Sorti des buissons, tel un éclair, un cavalier inconnu, tout de noir vêtu, fit son apparition avec une violence sans nom, tranchant des têtes, coupant des bras et pourfendant les hommes de Riwan, avec une rapidité et une maîtrise redoutables. Le combat était d'une brutalité rare, les cris des combattants se mêlant aux bruits des armes et des sabots frappant le sol. Son épée taillait tout sur son passage, son bouclier parait les coups, et sa force surhumaine faisait voler les brigands en éclats. Même son cheval, au pelage noir et ébouriffé, s’en prenait aux brigands tel un réel carnassier, resserrant ses puissantes mâchoires sur les gorges à portée de ses dents acérés ou piétinant ses ennemis avec une férocité incontrôlable, semant la terreur. Les brigands, pris de panique, tentaient de fuir, mais le guerrier inconnu les pourchassait sans relâche, les repoussant un par un. Sa furie était palpable, et son talent au combat demeurait hors du commun. finalement, Riwan et les hommes qui avaient pu survivre à cette ahurissante tempête réussirent à s'enfuir, dépassés par la rage de cette force de la nature, abandonnant là leur projet maléfique.
Le guerrier qui n’avait pas quitté sa monture de tout le combat tira ses brides comme pour calmer son féroce destrier tout aussi impressionnant que lui.
Avec une intensité à faire frissonner le plus implacable des prédateurs, le Barbare balaya de son regard froid les brigands s’enfuyant, épouvantés. Son cheval continuait à se cabrer sur place d’excitation. Puis cet imposant cavalier, on aurait dit un géant, se retourna vers Tréphine, avec des yeux perçants, tel un faucon en quête d’une proie. Son armure de barbare, en acier, sans aucun doute forgée dans les flammes de l'enfer, étincelait sous les rayons du soleil. Son heaume imposant, orné de cornes menaçantes, dissimulait une expression insondable et laissait sa longue chevelure d'ébène flotter au vent, témoignant de sa sauvagerie indomptée. Ses épaulettes, ornées de motifs ciselés, évoquaient les légendes nordiques, la mythologie des dieux, Son torse était protégé par une cuirasse gravée de runes anciennes, témoins de sa connexion avec l'au-delà. Son bouclier, large et solide, était décoré de symboles mystiques, semblant défier les lois de la réalité, Ses armes étaient tranchantes comme la morsure du gel. Sur sa poitrine, une amulette sacrée, symbolisait sa foi en des dieux lointains et sa protection divine.
Tréphine crut un instant qu’elle allait mourir à son tour. Mais alors qu’elle fixait le regard glacial de ce barbare, elle crut voir une étincelle d’humanité chez cette présence obscure qui avait tout d’une bête sauvage.
Elle n’arrivait pas à le définir, mais ce regard lui rappelait quelque chose, quelqu’un…
Après un dernier cabrer, le féroce guerrier et sa monstrueuse monture disparurent à leur tour dans la végétation dense de cette forêt, laissant dans leur sillage un tableau apocalyptique.
Toujours debout au milieu de ce sentier, Tréphine demeurait époustouflée. Elle venait d’assister à une scène surréaliste.
Elle aurait pu croire à un cauchemar éveillé, si elle ne se retrouvait pas, là, entourée d’une dizaine de cadavres démembrés pour la plupart, baignants dans leur sang et celui de leurs frères d’arme. Leur sang plus que jamais mélangé.
Soizic et Célestin, eux, qui s’étaient cachés dans les fourrés, réapparurent alors, rejoignant la jeune reine pour s'assurer qu'elle allait bien.
- Que s’est-il passé, Soizic ? fit Tréphine, d’une voix tremblante. Qui étaient donc ces brigands ?… Et ce mystérieux cavalier ?
- Je ne pourrais vous répondre, Ma Reine. répondit Soizic, la gorge serrée. Nous sommes bouleversés tout autant que vous.
Soizic prit Tréphine dans ses bras, la serrant très fort contre elle, comme pour lui assurer une protection t**dive, lui murmurant des mots de gratitude pour leur salut. Tréphine, émue par la situation, se laissa envelopper par la chaleur réconfortante de l'étreinte de Soizic, sans en demander davantage.
- Il faut nous remettre en chemin vers Castel Finans, en priant pour qu’on y parvienne sains et saufs, conclut Soizic, s’adressant à ses deux compagnons.
Un silence pesant s'installa alors. Seuls les bruits de la nature, le vent dans les feuilles, le chant des oiseaux rompaient ce calme qui succédait à la bataille, composant avec les soupirs et les respirations encore haletantes des trois compères.
Ils se remirent en route vers le château sans attendre. Les rayons du soleil atteignaient maintenant leur zénith, baignant les bois d'une lumière éclatante. Tréphine aurait pu s’émerveiller devant la beauté de la nature qui les entourait, mais son esprit était encore habité par les images de cette sanglante bataille et du guerrier inconnu.
Tel un murmure insaisissable, l'adage célèbre se dissolvait dans l'air, alors qu'il devenait évident que cette année, l'été ne viendrait pas pour tout le monde.
Fin du troisième épisode