23/06/2023
Important !
NE PAS « RÉPONDRE » EST AUSSI UNE RÉPONSE
Il nous arrive parfois dans la vie d'être face à une situation où l'on veut à tout prix éviter de communiquer avec autrui. Généralement, cela se produit suite à une action contraire à nos attentes ou qui nous offense, posée par l'autre et qui attend une réaction de notre part.
On se dit qu'on ne va pas lui parler, on garde le silence. Le fait qu'on ne répond pas de la manière classique on pense qu'on ne réagit pas. Cependant, la posture du silencieux est aussi une réponse et pas la moindre. Ne pas répondre est aussi une réponse.
C'est parfois une preuve de maîtrise de soi, et peut être interprétée de diverses manières plongeant ainsi notre interlocuteur dans l'indifférence et une remise en question. En effet, toutes nos actions et réactions ont un sens et peuvent transmettre des messages. C'est pourquoi, selon Albert Camus tout refus de communiquer est une tentative de communication ; tout geste d'indifférence ou d'hostilité est un appel déguisé.
Cette déclaration fait écho avec l'école de Palo Alto qui a élaboré l'axiome en communication : « On ne peut pas, ne pas communiquer ». En effet, cette tautologie place l'individu dans une spirale où tout ce qu'il fait et tout ce qu'il ne fait pas est un acte de language.
Car la communication étant aussi vieille que le monde est indissociable à l'Homme qui est condamné à vivre en société et à interagir avec l'autre (interpersonnel) ou avec lui-même (intrapersonnel). Selon cette théorie l'Homme serait un émetteur/récepteur interminable d'information au quotidien. S'il parle, s'il marche, s'il fait silence, s'il écrit, s'il dort, son regard, sa manière de gesticuler, ce qu'il porte tout peut émettre des informations consciemment ou inconsciemment.
Le silence et sa réception
Dans tout processus de communication la réception du message est un élément primordial. Il s'agit d'un indicateur qui permet de vérifier si notre objectif de communication est atteint. C'est-à-dire si le message encodé et émis est reçu et décodé de la même manière qu'on a souhaitée qu'il le soit.
Par exemple, vous dîtes à une personne : « Viens par là stp !» si la personne vient effectivement, le message a été bien reçu et bien décodé. C'est ce que les spécialistes appellent une « communication efficace ». Dans le cas contraire, on passe à côté de notre objectif de communication.
Dans le cas du silence comme réaction, son interprétation et son impact dépendront de plusieurs facteurs notamment la connaissance de l'autre, le partage de code et le contexte d'énonciation.
C'est-à-dire, pour que notre interlocuteur arrive à desceller la réponse qui se cache dans notre silence ou notre soi-disant refus de communiquer, il doit nous connaître, être capable de comprendre si on est silencieux dans telle situation c'est pour telle ou telle autre raison car le silence est ce code qu'on a en partage. Dans le cas contraire notre « silence/réponse » ne sera pas interprété comme voulu, on atteindra pas non plus notre objectif de communication.
Ne pas répondre de la manière classique est une réponse mais le message que l'on veut transmettre à travers cette réaction peut varier en fonction du récepteur et notre relation avec ce dernier. C'est pourquoi avant de prendre cette posture dans une situation de communication, il faut prendre en compte notre interlocuteur à qui s'adresse le message. Toujours se poser la question : « Sera-t-il en mesure de comprendre mon silence, mes non-dits ?».
Michaël FORMILUS
Port-au-Prince, 23 juin 2023
📸 Carvens R. Adelson