22/10/2024
MACRO-LEPÉNISME : NOUVEL ÉPISODE AU SERVICE DES RICHES
Après le coup de force de l'été et malgré leurs défaites électorales sans appel, les macronistes veulent imposer un plan d'austérité massif : 60 milliards d'euros de coupes budgétaires sur l’État social en 2025.
Avant le vote de ce budget, la gauche a réussi à remanier le projet pour trouver les 60 milliards de recettes, mais en taxant les plus riches, les multinationales et les dividendes plutôt qu'en réduisant les services publics. Ce budget prévoyait aussi la suppression des hausses de taxe sur l'électricité et la baisse de la TVA sur les produits de première nécessité. Car en effet, les macronistes comptent aussi augmenter le prix de l'énergie pour les ménages.
Suite à ces modifications, le débat au Parlement devait démarrer sur ce budget plus juste. Cela n'aura pas lieu. En commission des Finances, les macronistes et le RN ont voté contre les modifications de la gauche. Il n'y aura pas de taxation des plus riches ni de réduction des coupes pour les démunis.
Une fois de plus, nous assistons ainsi à l'alliance du clan Macron et du clan Le Pen pour faire barrage à la gauche et préserver les intérêts des plus riches. Cette coalition néofasciste et libérale n'est pourtant pas nouvelle.
Début octobre : la France Insoumise avait enclenché une procédure de destitution suite au coup de force réalisé après les élections législatives. Et pour la première fois de l’histoire de la Cinquième République, la première étape de la procédure avait été validée par le bureau de l’Assemblée. Mais le texte avait ensuite été rejeté en commission des lois : la droite radicale LR et l’extrême droite Ciottiste s’y étaient opposées. Quant au RN, qui prétend être un parti d’opposition à Macron, il s’était abstenu. C’est cette abstention qui avait permis l’arrêt de la procédure. Si le RN avait voté pour, la procédure aurait continué. Marine Le Pen a donc épargné à Macron un débat sur sa destitution.
Le 8 septembre dernier, le Journal du Dimanche, hebdomadaire racheté par Bolloré et très informé des affaires internes de l’extrême droite, expliquait que «Macron et Le Pen ont orchestré en secret la nomination de Michel Barnier à Matignon» et que «dans les coulisses de cette manœuvre, un homme clé : Thierry Solère, proche conseiller du président et agent de liaison entre les deux camps» qui «jouait les entremetteurs entre la patronne du RN et le président de la République». Le Pen avait validé le nom de Barnier, estimant qu’il est «respectueux» à l’égard du RN.
Un fait confirmé quelques jours plus t**d : le nouveau Ministre de l’économie Antoine Armand avait naïvement déclaré à la radio que sa porte resterait fermée aux élus lepénistes, et avait ajouté que «le RN n’est pas dans l’arc républicain». Immédiatement, non seulement le ministre avait été désavoué par Michel Barnier, mais le premier ministre en personne avait appelé Marine Le Pen pour lui présenter ses excuses. Et il avait menacé son ministre : «Encore une comme ça et dehor ». Antoine Rousseau avait baissé la tête et avait déclaré que, finalement, il travaillerait avec le RN.
En juillet, la presse révélait l’existence de dîners secrets entre des macronistes et le Rassemblement National, manifestement pour se préparer ensemble à une dissolution. L’organisateur de ces rencontres était Thierry Solère, un homme au cœur de la machine présidentielle.
En décembre 2023, macronistes et lepénistes votaient ensemble la «Loi immigration» de Gérarld Darmanin, qui reprenait des pans entiers du programme du Front National, et Marine Le Pen parlait d'une «grande victoire idéologique» pour son parti.
Pendant le grand mouvement social contre la réforme des retraites au printemps 2023, pendant que la gauche menait le combat dans la rue et les institutions, Élisabeth Borne déclarait que «Marine Le Pen et son groupe respectent les formes», le ministre Dussopt qu'elle «a été beaucoup plus républicaine que d’autres» et la présidente de l'Assemblée estimait que le député d'extrême droite Sébastien Chenu «n’est pas un bon, mais un très bon vice-président» dans l'hémicycle.
Dès juillet 2022, Marine Le Pen déclarait : «Nous voterons l’essentiel des mesures» du projet d'une loi porté par LREM, la loi dite «pouvoir d’achat». À l'époque, les groupes du RN, de LR et de LREM avaient voté à l’unisson contre les droits des salarié-es et des précaires : contre la hausse des salaires et l’indexation des revenus sur l’inflation, contre le SMIC à 1500 euros, contre le gel des loyers, contre une taxe sur les super-profits...
On se demande où sont les fameux «fachos pas fâchés» dont parlent tant François Ruffin et une certaine presse. Cet électorat «populaire», qui voterait RN par colère, parce qu'il serait «abandonné par la gauche», n'est qu'un mythe médiatique de plus. En votant RN, ces gens votent pour la destruction des retraites, de la santé, des services publics, et contre la hausse des salaires. Ils soutiennent, de fait, les alliés objectifs de Macron et ne font que conforter la suprématie des riches, en plus d'élire un programme raciste et policier. Il n'y a donc aucun argument rationnel à voter RN en étant pauvre, en-dehors du racisme et de la volonté de faire souffrir les plus faibles que soi.
Il n'y a ni «barrage» à Macron en votant Le Pen – le RN est un allié assumé du grand patronat – ni «barrage» à Le Pen en votant Macron. Il s'agit d'un duo, d'une valse, d'une alliance qui dure depuis 2017. Seul point positif : les masques n'ont plus rien à masquer.