27/03/2024
C A S T O U.
La Castou quitte la scène
https://www.facebook.com/lacastou
En ce mercredi 27 mars 2024 en début d’après-midi, chez elle à Denens (VD), La Castou a choisi elle-même «d’aller rejoindre François Silvant», son fidèle ami mort en 2007 et aux obsèques duquel elle avait chanté. La douleur intolérable engendrée par une maladie incurable ayant marqué son quotidien durant de longs mois, elle a décidé de passer par le chemin de l’autodélivrance auprès de l’association Exit Suisse romande.
Née Catherine Burkhardt le 30 août 1948 à Saignelégier dans les Franches-Montagnes, elle s’est choisie un patronyme – suggéré par un ami qui trouvait qu’elle cassait tout – pour débuter sa carrière d’artiste à l’âge de 18 ans. Dès lors, elle n’a plus jamais cessé d’être La Castou.
Evoquer en quelques lignes sa «vie de patachon» – selon le titre d’un excellent livre autobiographique conçu avec le regretté journaliste Roger Jaunin et paru en 2021 aux éditions du Roc – est pour le moins périlleux, car La Castou a eu plus de mille vies! Les Romands l’ont bien évidemment connue à l’affiche de divers sitcoms sur la TSR: «Carnotzet» (1993), «Arrêt Buffet» (1994), «Bigoudi» (1996-1998), «La Chronique» (2000), «Les Pique-Meurons» (2004) et «Marilou» (2005).
Ce que l’on sait moins, c’est qu’elle a débuté en réalisant un apprentissage de photographe. Un jour avec culot (sans doute l’un de ses principaux trait de caractère), elle débarque au Cirque Knie et obtient d’immortaliser toute la troupe! Après quoi, elle sera engagée comme danseuse, notamment dans des émissions de variétés de la TSR, pour se balancer derrière Claude Nougaro, Serge Gainsbourg ou France Gall; à partir de là, cette touche-à-tout passionnée et passionnante va multiplier les possibilités de se retrouver sur une scène, que ce soit pour y danser, y chanter ou y jouer la comédie. Sur ce chemin-là, elle rencontrera Jacques Brel et aura l’honneur de faire la première partie de son tour de chant à Knokke-le-Zoute.
Impossible d’oublier que les années 1970 furent celles de nombreuses tournées en France, en Afrique du Nord, aux Etats-Unis et au Québec, à l’affiche de revues de la compagnie de Pierre Franck, ou comme artiste de cabaret.
La scène aura été son lieu de prédilection jusqu’au bout. Et cela est aussi vrai pour cette dernière décennie à Denens, le village vaudois où elle résidait; depuis 2013, à l’initiative du municipal Philippe Hugli, elle s’est occupée d’une troupe d’actrices et d’acteurs amateurs, Les Hurluberlus. «Son implication a été formidable, se souvient le premier président de cette société, Marc-Henri Sauty. Elle nous a motivé, avec cette énergie, cette gouaille qu’on lui connaît, son langage pour le moins fleuri et ses coups de gu**le mémorables. Castou était un moteur, et «sa» troupe, dont elle était si fière, lui survivra et continuera à jouer des spectacles à la salle villageoise. Castou restera dans nos cœurs et nos mémoires.»
Sa famille tient à remercier le CMS de St-Prex ainsi que toutes les personnes qui l’ont accompagnée durant ces deux dernières années. Selon les vœux de la défunte, aucune cérémonie ne sera organisée.
Le dernier mot, emprunté à l’une de ses chansons, laissons-le-lui. En se souvenant de ses promenades avec «Eliot» – le bichon maltais que lui avait offert Fernanda, son amie l’épicière de Denens –, on entendrait presque Castou fredonner de sa voix chaude et puissante: «Au bout de mes souliers, y a le bout du chemin, y a le bout de ma vie, y a le bout de mon destin, y a le bout du champ aux fleurs coupées; au bout de mes souliers, y a la fin d’un été».