25/05/2024
Pensées équestres.
L' "Ego" humain tue le cheval.
Dans une vie de femme ou d'homme de cheval, nous avons la chance de croiser la route de différents chevaux, différentes races et tempéraments à tout âge, de s'essayer à diverses disciplines et ainsi d'acquérir des compétences diverses et variées.
La remise en question, est à la progression ce que le soleil est aux fleurs. En effet, si les compétences, acquises uniquement sur l'expérience et l'apprentissage sont un résultat, la remise en question et le cœur, quand à eux, permettent de passer d'un cavalier compétent, à un "bon cavalier". Mais il n'y a pas de bon cavalier, peu importe les compétences, la discipline et le cheval, s'il n'y a pas de réflexion équestre ( et non humaine).
Réfléchir cheval, c'est aller à la recherche d'une entente, non-verbale pour accompagner la non-verbalité du cheval, tout en accompagnant l'apprentissage sans douleurs, frustrations ou peurs de la part du cheval. Pour ce faire, l'humain devrait s'oublier, complètement, et ne retenir que la sensation, les expériences et la justesse dans les demandes, et ce, encore une fois, en adéquation avec le cheval, son dressage, son âge et ses capacités physiques.
Lorsque nous entendons régulièrement (et triste nous sommes ! ) qu'un cheval doit être fermé de quelque part pour accomplir quelque chose, ou qu'un cheval ne vaut rien car il n'accomplit pas de figures de haute école, lorsque vous vous confrontez à votre cheval, en considérant que la méthode que vous lui imposez est la seule, l'unique et qu'il doit s'y plier... Alors, petit à petit, vous tuez votre cheval. Dans son corps, comme dans son mental.
Il n'y a pas de méthode universelle, ni de vérité absolue dans l'équitation. La seule et l'unique est : le cavalier agit sur l'équilibre du cheval, à l'instant même où il s'assoit sur son dos.
A partir de ce principe là, il faut (et vraiment, on le dit rarement le "il faut") travailler le cheval, dans ce sens. Et par conséquent, d'un cheval à l'autre, d'une période à l'autre, le cavalier se doit de remettre en question l'exercice, le résultat, et/ ou sa propre analyse. Car si douleur, ou débat il y a, alors l'incompréhension aussi.
Comment, avec mes compétences, je peux accompagner mon cheval dans son équilibre, pour atteindre un exercice donné ? Voilà la question la plus importante.
L'égo intervient à chaque fois que l'on prononce ou pense ces phrases du type "t'façon, si tu l'plie comme ca, et que tu le ferme de l'arrière, il sera meilleur"; "mon cheval est bête" ; "en CSO, je sautais des barres de 120 cm, c'est pas une épaule en dedans qui va m'aider"; " il faut que mon cheval galope à cette séance" ; "mon cheval est mauvais" ; "moi, quand je monte, je veux que ca tourne à droite et à gauche, et que ca s'arrête quand je demande. Le reste, j'men fiche"; "j'ai pas besoin de prendre des cours, ca fait 20 ans que je suis dans le métier" ; "une épaule en dedans c'est, une rêne extérieure qui s'écarte"; "mon cheval doit faire ci ou mi pendant chaque séance"; "je n'utilise cette méthode que parce qu'elle m'arrange"; "bouchon voulait pas aujourd'hui, il était horrible, il a fait exprès...." ; "ah, tu montes ton cheval en cordelette ? t'as appris ca avec les éperons non ? " ; "le poulain de 24 mois n'es monté qu'au licol ? alors il n'est pas débourré ! ; "j'ai besoin qu'il prenne le mors, pour freiner"...
Nous avons tous le droit à l'erreur. Les chevaux, dans leur simple nature, nous enseignent la patience, la spontanéité, l'action dans le mouvement, et surtout la sincérité. Un cheval ne mentira pas, il vous dira à l'instant T s'il a quelque chose à dire, et se contentera d'exister, dans son confort le reste du temps. Il a bonne mémoire, et pourtant, il pardonne toujours.
Alors chaque cavalier à en réalité un grand devoir : celui d'accepter de se tromper, et celui de se former. De rencontrer, d'échanger et de partager, afin de réunir tout ce qui lui est possible de rassembler en connaissances et en savoir, pour remplir tous les critères de bien-être de son ou ses chevaux.
Dans une vie de cavalier, il y a plein d'étapes, des progressions, des blocages, des doutes, des pertes de confiance, ou des reprises d'arrogances. Il n'y a pas qu'une seule ligne de conduite si ce n'est celle, de l'apprentissage permanent, et ce, jusqu'à la fin d'une vie, sans jamais oublier de sentir le cheval lui-même avec son coeur.
Photo de L objectif de Matthieu // Mc56photo
Magnifique Modèle : Buck