24/09/2024
Samedi 21 septembre 2024, À Mots croisés avait invité les amoureux d’Histoire et d’histoires à suivre la visite guidée de la Maison Richelieu - actuellement Maison de la Musique et de la Danse - dans le parc éponyme de Bagneux, puis à écouter l'Ensemble vocal À Tire d’Elles qui interprétait quelques chants de l’époque Renaissance.
Dans ce lieu historique du XVIIe, propice à l'inspiration, Annie, intervenante d’A Mots croisés, a aidé les participants à trouver leur chemin d’écriture, à entrer dans « une valse des mots », puis à imaginer quelques lignes en commençant par « C’est ici que… » (voir posts précédents). Annie les a ensuite invités à écrire un récit plus long, un fragment de vie au 17e siècle, de l’école Etienne-Dolet en 1946, une histoire autour de la musique ou de la danse, etc.
Nadia, Nicolas, Nicole, Olivier et Rémi ont choisi de construire leur histoire autour du lieu, des plafonds peints, de son parc.
🔹Je vous remercie pour les compliments. Oui, j’ai vécu ici. J’y ai travaillé. Je logeais dans l’une des chambres nichées sous les toits. Je n’ai pas eu souvent l’occasion de me promener dans le jardin réservé à mes maîtres et à leurs invités. Mon visage orne désormais la pièce dans laquelle vous écrivez. Je vous vois, vous observe, vous écoute. Le soir, lorsque tout s’éteint, lorsque le lieu devenu désert m’appartient, je peux alors à ma guise survoler les tables où vous étiez quelques heures plus tôt. Je peux sentir votre présence créatrice, me nourrir de vos mots échangés qui planent encore dans cette pièce. Il m’arrive souvent de les rejoindre et, ensemble, accordons nos voix et nos violons. Nous venons vous visiter dans vos rêves.
Écoutez le chant de la belle en médaillon !
Nadia
🔹Le marquis avait laissé sa calèche à l’entrée du parc pour le remonter à pied. Bien qu’il risquait de salir ses chaussures parfaitement nettoyées, il avait choisi de marcher pour digérer les évènements de la journée. Il devait se montrer ce soir pour battre le fer, encore chaud. Le duc avait engagé les meilleurs musiciens et acheté les meilleurs vins. Il promettait une soirée à s’en rappeler. À peine la porte passée, il sentait les regards posés sur lui, les variations dans la conversation, même le piano sonnait différemment depuis son entrée. Les banquettes les plus propres de Paris avec les pires pourritures assises dessus. Tous ses nobles firent mine d’ignorer le nouveau venu, mais son nom était dans toutes les bouches.
Il marcha vers l’une des dernières banquettes libres d’un pas long afin de s’assurer que chacun l’ait vu. Il s’assit et prit l’air le plus distingué possible. Il entendait dans son dos la rumeur qui enflait. Son ami, le vicomte, vint s’installer à ses côtés et creva aussitôt l’abcès.
Est-il vrai que vous êtes proche de Richelieu et qu’il vous a dans ses bonnes grâces ?
En quelque sorte, éluda le maquis.
Je le savais. J’en informais mes amis plus tôt leur disant que vous étiez maintenant parmi les grands ce royaume.
Ce que son ami ne savait pas, c’est que le Marquis avait seulement ramassé le mouchoir de la maîtresse de Richelieu, qui l’avait remercié d’un geste de la main, mais ça, il n’allait pas l’avouer. Il voulait profiter de l’attention encore un peu.
Nicolas
🔹Un petit plaisir du soir, c’est de me mettre à mon balcon quand résonne le sifflet de la fermeture du parc. Après des bruits d’agitation, en tous genres… le calme. Quelques chants d’oiseaux. Le vent… La statue est toujours là dans son linceul grisâtre. Je peste que personne ne se soucie de la restaurer. Qui est-elle ? Faisait-elle partie de ces jolies dames invitées par le seigneur du lieu pour faire une partie de campagne ? Repas sur l’herbe et jeux dans le parc. Des couples qui se forment, se défont. Des cavalcades. Des rires. De petits cris. La nuit… mais au matin… une dame en moins… Mystère, serait-elle tombée au fond du puits ???
Nicole
🔹Ce matin, on va l’abattre. Sa force et sa sagesse n’auront servi à rien. Même s’il a bien vécu, il ne peut le nier. Il a beau protester, dire qu’il n’y est pour rien, personne ne l’entend. Le bourreau se prépare, affûte sa lame. Ici, dans ce parc, va se dérouler un drame. Le silence, tout d’un coup, précède un grand vacarme. Les regards, consternés, témoins de son agonie, le cèdre du Liban s’effondre dans un grand bruit.
Olivier
🔹Nous vivons dans des lieux peuplés de trésors enfouis.
Nous marchons sur des chemins, foulés par tant d’humains.
La Terre est vieille.
Nos expériences déjà vécues. Mille fois. Dix-mille fois.
Patrice