17/06/2024
Contre toute attente
Certain⋅e⋅s seront certainement surpris⋅e⋅s de ce communiqué mais on va essayer d’expliquer au mieux ce qui nous pousse aujourd’hui à le faire.
L’annonce prévisible des résultats de ce scrutin européen n’a surpris personne.
En revanche, l’annonce de la dissolution comme une énième fourberie de macron était moins attendue.
Il reste donc 15 jours de luttes si on ne veut pas voir le pen ou bardella au pouvoir comme première ministre. Il reste une vie entière de lutte contre les idées réactionnaires/fascistes.
Pour celles et ceux qui seraient tenté⋅es de laisser faire, en se disant que cela montrerait enfin l'incompétence de l'extrême droite à gouverner voire même en misant sur l'idée qu'une révolte de gauche suivrait, le pari est très dangereux. On sait quand l'extrême droite prend le pouvoir, on ne sait jamais quand elle le rend. Et surtout ce coup de poker est un luxe que ne peuvent se permettre que les personnes blanches, cis et hétéronormées : pour les autres les conséquences seront très rapides et concrètes.
Alors nous on ne veut pas jouer au poker. On veut les battre à coup sûr. Quitte à tricher et déroger un peu à nos règles pour celles et ceux qui ne votent pas par conviction.
Le vote pourrait-il être un acte radicalement antifasciste dans ce contexte particulier ?
Jamais nous ne pensions un jour laisser une place aux urnes dans notre combat contre l'extrême droite et le fascisme. Aujourd'hui il nous semble pourtant qu'aller dans l'isoloir peut aider à éloigner ce risque même si, à ce geste, nous préférons mille fois la multitude des manifs, l'effervescence des blocages, les confrontations d'idées dans les assemblées.
Bien sûr on a peur de se faire avoir et qu'il s'agisse de reculer pour mieux sauter, nous avons peur de nous retrouver dans la même situation aux prochaines échéances électorales. Peur de mettre le doigt dans un engrenage alors que nous avons toujours préféré mettre à distance la politique partisane pour mieux construire nos combats, pour nous auto-organiser plutôt que nous faire représenter.
Longtemps nous avons refusé d'accepter le chantage au barrage démocratique contre l'extrême droite agité depuis 2002 par celleux même qui ont organisé son ascension. Que les choses soient claires, si le RN arrive demain au pouvoir ce n'est pas parce que certain.es feront le choix de ne pas voter. Et nous savons que les véritables responsables de la montée du RN se situent dans les rangs des politiciens de droite comme de gauche. Pour continuer à faire mouvement maintenant et dans les années à venir, la ligne de fracture ne sera évidemment jamais celle de celleux qui on voté où pas.
Mais puisqu'aujourd'hui il semble qu'un bulletin puisse efficacement permettre d'éloigner le fascisme du pouvoir et d'avoir un nouveau répit, alors ce répit on le tente. On le tente parce qu'on sait tou⋅s⋅te⋅s ce que ce parti a en tête. Nos luttes et toutes les avancées obtenues jusqu’ici seront en première position de leurs attaques. Avec les moyens de l’état ce sera facile pour elle⋅ux.
Malgré la posture « LGBTQI+ friendly » visant à dédiaboliser le RN iels ont déjà commencé… et les discours se libèrent à l’école et dans la rue.
Imaginons deux minutes ce qu’iels feraient au pouvoir. Ce ne sont que des exemples.
Leur association avec les plus grand.e.s capitalistes, régimes autoritaires, homophobes et transphobes, du monde ne trompe personne sur leurs intentions. Ce n’est pas pour rien que ce parti soutient meloni, orban, poutine ou tant d’autres qui défendent une vision du monde à l’opposé de nos luttes.
Mais finalement, ce qu’iels feront n’est rien en rapport de ce que leur plébiscite dans les urnes génèrera comme actes et comme paroles qui se libèreront et deviendront légitimes au sein de la population. On peut s’attendre à une flopée d’agressions, de positionnements sans filtre et de pollutions de la pensée clairement affichées.
À Dijon, Tanneries, Quartier des Lentillères, Bourse du travail, maison des syndicats, planning familal, locaux d'associations LGBTQIA+,… nos lieux d'organisation politique seront des cibles évidentes aussi bien pour le pouvoir que pour tous les groupes et milices qui le soutiendront.
Car oui le RN est toujours un parti raciste, antisémite, capitaliste et libéral (on pourrait ajouter beaucoup d’adjectifs) et c’est bien une souffrance de l’ensemble de la population que leur politique sociale, économique et internationale créera. Et cela bien au-delà de nos communautés.
Qu’adviendra-il entre autres des réfugiés déjà en danger dans leur propre pays ? Des personnes racisées ou transgenres ?
A coup sûr, cela déclencherait un harcèlement encore plus important qui frappera également les travailleurs et travailleuses du sexe, la question de l’accès aux soins ou au droit d’asile pour les personnes trans, entre autre.
Alors l’idée n’est pas de rejoindre ce que certain.e.s tentent de décrire comme un « front populaire » visant surtout à défendre des carrières mais plutôt à freiner la progression de cette peste. C’est une manière de montrer que l’on fait nombre et que l’on sait échapper à certaines postures et réflexes pour se battre par tous les moyens.
Ce n’est évidemment pas un vote d’adhésion aux un⋅e⋅s et aux autres mais bien un vote de barrage au fascisme.
Ces élections ce n'est pas choisir le monde qu'on veut, c'est choisir l'ennemi politique le moins dégueulasse. Quel que soit le gouvernement qui prendra forme le 8 juillet, nous manifesterons dans la rue pour lui arracher tout ce qu'il ne voudra pas donner, nous rejoindrons les blocages, nous continuerons à construire des lieux de vie et lutte, et nous continuerons à penser les moyens de l'autonomie parce que nous croyons, avant tout, en l'organisation populaire.
Alors oublions les clivages et/ou divergences qui peuvent parfois nous opposer sur certains sujets. Antifa, q***r, LGBTQIA+, syndicalistes, punks, autonomes, zadistes et tous.te.s les autres qu’on ne pourrait pas citer ici tant la liste est longue :
Rassemblons nous et battons les.
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