02/10/2024
La semaine dernière, j'ai eu l'honneur, avec Camille, d'être la petite main d'Aurélien Guintoli Maison Guintoli, curieux fleuriste sur Féerie Florale, événement situé en Belgique au château d'Alden Biesen Landcommanderij Alden Biesen, Beflorist Be.
Une semaine de travail placée sous le signe de la patience, de la minutie et des fous rires (et quelques larmes d'émotion aussi).
Encore merci chef, de nous partager ton savoir faire, sans aucune limite, ta vision du monde et ton amour pour le beau.
Un grand merci aussi, aux organisateurs pour l'accueil et à tous les designers, fleuristes et visiteurs pour tous ces retours magnifiques 🥹 Vraiment merci 🙏🏻 ça rebooste.
Voici quelques lignes et quelques photos sur cette divine création :
L’œuvre d’Aurélien Guintoli, mystérieuse et chargée d’une force métaphysique, se présente comme un passage intemporel pour chaque être vivant, une réflexion profonde sur la dualité de l’existence. Intitulée *Linceul des Éternités*, elle incarne ce fragile équilibre entre vie et mort, espoir et désespoir, lumière et obscurité. Ce linceul, façonné à partir d’écailles de palmier, évoque à la fois la douceur des plumes et la rigueur protectrice de l’armure, symbolisant l’entre-deux, cet espace liminal où l'âme vacille.
Les immortelles jaunes, dispersées sur la surface, ne sont pas de simples fleurs. Elles sont les messagères de l’immortalité, porteuses de l’éternité dans leur éclat vibrant, résistant au temps comme l'esprit aux affres du corps. Elles murmurent la persistance de l’âme là où la chair s’évanouit. Au milieu de cette composition, les miels pop’s apparaissent, avec leur évocation subtile du blé, symbole de renaissance et de cycles, tandis que le miel, nectar des dieux, fait écho à la douceur fragile de la vie, éternellement sujette à la décadence.
Des fleurs en laiton, figées dans leur éternelle floraison, se dressent parmi les écailles. Mais ce sont les oncidiums, flamboyants comme un brasier sacré, qui captent l’essence même de l’œuvre. Leur symbolique évoque à la fois la grâce et la brûlure, la transformation par le feu — une purification de l’âme avant son envol. Au-delà du linceul, trône un fauteuil énigmatique, encerclé de 55 croix, chacune murmurant des versets de Jean et des textes apocryphes, rappelant à l’esprit qu’il n’y a pas de vérité sans secret, pas de foi sans doute. Ce fauteuil appelle celui qui s’y assoit à contempler sa propre finitude, à méditer sur les méandres de sa vie avant de franchir le seuil du jugement ultime.
Sur le sol, les pommes de terre, humbles tubercules, symbolisent l’ancrage à la terre, la connexion à ce qui est tangible et mortel. Elles sont le rappel des racines profondes de l’existence, tandis que les courges, liées à l’abondance et à la transformation, évoquent les cycles de la vie et de la mort. Mais ici, les courges noires et les pommes de terre charbonneuses tracent un chemin paradoxal entre l’espoir lumineux de la renaissance et l’abîme du désespoir.
Un corbillard du XIXe siècle, en bois sombre, se tient là, imposant et inévitable, figure spectrale de la fin. Il incarne la mort dans toute sa froide solennité, dernier voyage pour celui qui s’assied dans le fauteuil. Pourtant, dans la symbolique occulte du cacao, cette fève précieuse aux teintes terrestres et célestes, réside l’espoir. Le cacao, fruit sacré des anciens, porte en lui les promesses d’un au-delà fertile, d’une renaissance à travers l’ombre.
Au cœur de cette œuvre, deux mondes s’affrontent, se nourrissant mutuellement : la vie a besoin de la mort pour exister, tout comme l’espoir ne peut jaillir que des ténèbres du désespoir. *Linceul des Éternités* est un miroir de ce paradoxe cosmique, rappelant que dans chaque fin réside le germe d’un nouveau commencement, et que dans chaque brasier, la cendre annonce le renouveau.