En 1989, le manifeste fondateur de Slow Food affirmait que Slow Food protège le droit au plaisir. Cette prise de position était dictée par le fait que, à notre avis, le paysage gastronomique était en train de s’appauvrir : les produits s’homologuaient et les techniques disparaissaient. Le mouvement va bientôt fêter ses 25 ans, et nous avons parcouru un long chemin. Bien sûr, la nourriture est touj
ours – et même encore plus – au centre de notre vision et de notre engagement ; cependant, entretemps, nous avons lié au concept de plaisir les notions de justice et de respect pour l’environnement. Produire et consommer de la nourriture sont des activités qui pèsent énormément sur la qualité de la vie des personnes, de l’environnement, des communautés. En tant que gastronomes, nous ne pouvons plus nous borner à la sphère du plaisir. Slow Food doit assumer les situations de ceux qui n’ont pas d’accès à la nourriture, de ceux qui voient leurs propres connaissances et traditions avilies et humiliées chaque jour, de ceux qui luttent pour conserver la diversité biologique et culturelle. Au cours du dernier siècle nous avons perdu 70 % des espèces végétales et animales, l’anthropisation de la planète a mené des écosystèmes entiers à la destruction et la course à l’industrialisation de la production de nourriture a produit des dégâts immenses, tandis qu’un milliard de personnes souffre encore de famine et de malnutrition. Aujourd’hui, notre engagement doit porter, avec constante, sur la nourriture bonne, propre et juste. Depuis 2004, le réseau de Terra Madre rassemble cultivateurs, pêcheurs, éleveurs, artisans et transformateurs qui partagent des expériences, des connaissances, des techniques et des philosophies. Tous les deux ans, Terra Madre se réunit à Turin à l’occasion du Salone del Gusto et représente l’avant-garde de cette nouvelle vision de notre mouvement. Soutenons ce réseau et défendons-le : l’avenir de notre nourriture et de notre planète passe par lui.