20/06/2024
: Et si nous relativisions les avantages comparatifs de notre pays en matière d'exportation des filières mangues, noix de karité, beurre de karité et viande de bétail ?
Récemment, j'ai eu le privilège d'animer des modules de formation sur le marketing à l'exportation et l'importance des TIC dans ce domaine. Lors de recherches approfondies et de deux jours d'échanges intensifs avec les responsables et acteurs des filières mangues, beurre de karité et viande de bétail, les chiffres ont été révélateurs.
Les exportations mondiales de ont augmenté de 4% en 2022 par rapport à 2021, atteignant 56 millions de tonnes. Les exportations de mangues fraîches dépassent les 550 000 tonnes à l'échelle mondiale. Les principaux producteurs mondiaux incluent l'Inde (11 265 391 tonnes), la Chine (2 240 695 tonnes), la Thaïlande (1 121 204 tonnes), le Bangladesh (891 905 tonnes) et le Mexique (1 211 087 tonnes). En Afrique, seul le Nigeria figure dans le top 10 mondial, représentant 4% de la production mondiale.
Au Mali, la production de mangues varie entre 43 286 tonnes en 2016 et 50 000 tonnes selon les sources. La production provient principalement de la région de Sikasso, du district de Bamako et de la région de Koulikoro. Les mangues maliennes sont principalement exportées vers le Burkina Faso, le Maroc, le Gabon en Afrique, ainsi que vers la France et les Pays-Bas en Europe (Source : Secteur des Fruits et Légumes -
La production de , considéré comme un trésor naturel au Mali, représente 23% de la production mondiale de noix de karité, plaçant ainsi le Mali comme le deuxième plus grand producteur mondial après le Nigeria. En 2008, le Mali a produit 190 000 tonnes d’amandes de karité. La demande mondiale d'huile de karité est estimée à 5 millions de tonnes, alors que la production actuelle n'atteint que 4,2 millions de tonnes. La demande d'huile de karité dans les industries cosmétique et alimentaire reste insatisfaite et vulnérable aux aléas climatiques (Source : Le Karité | Maison de l'Afrique).
Les plantations sont principalement composées d'arbres vieillissants au Mali, avec des champs et des plantations non structurés. Il est crucial d'investir dans la création de vergers modernisés pour augmenter rapidement notre part de marché mondiale.
En 2022, la population de l'Afrique de l'Ouest a dépassé les 400 millions d'habitants, avec une croissance démographique significative. La consommation de par habitant varie de 9 à 15 kg par an, selon les pays et les sources. La production locale ne suffit pas à répondre à la demande croissante (Source : Pourquoi l’Afrique de l’Ouest satisfait de moins en moins sa demande en viande - agenceecofin).
Le Nigeria, le Niger et le Mali sont les principaux pays d'élevage de la CEDEAO, caractérisés par de petits élevages traditionnels et nomades. Bien que des efforts de modernisation soient en cours, ils ne sont pas encore suffisants pour transformer le secteur à grande échelle. Le Mali manque également d'infrastructures d'abattage industriel, ce qui limite l'exploitation des sous-produits de l’élevage. Actuellement, les exportations vers les pays voisins se font avec des animaux vivants, ce qui représente une perte significative.
À mon humble avis, les niveaux actuels de production dans ces filières ne suffisent pas pour rivaliser sur le marché international. Pour maximiser les avantages de ces filières, notre pays doit non seulement augmenter la production mais aussi moderniser les structures de production.
L'objectif ambitieux de capturer un tiers du marché mondial pour chaque filière dans les 10 prochaines années nécessitera des investissements significatifs. C'est seulement ainsi que ces filières pourront réaliser leur plein potentiel dans les années à venir.
Bathily